Quand on entre dans le jardin, des dahlias jaunes, aux fleurs si volumineuses que les tiges se sont pliées, vous accueillent. On traverse la resserre à bois, à la forte odeur de résine ; là-bas, l’on déterre les dernières pommes de terre : les petites – grosses comme des billes – font rire les enfants. Luxuriance de l’automne ! Au prunier pendent des prunes lourdes de tout le soleil de l’été : au point d’attache avec la branche, elles sont déjà fripées. Les petites pommes des pommiers-espaliers ont le goût acide que j’aime. Les groseilles-maquereaux ont séché sur les branches : personne ne les a cueillies.
La propriétaire du jardin est morte à la mi-septembre. On va vendre le terrain ; lequel des fils ou des filles aurait voulu s’en charger ?
-- et , dans le soir calme, une fumée qui monte.
extrait de La vie croisée/Nancy/1979