La mer tangue et tangue encore,
Elle traque ceux qui violent son corps,
Mes frères cessons d'êtres fiers,
La mer nous scande sa prière:
"Maudits soient ceux qui m'ignorent!
Engloutis ceux qui me dévorent!
Le temps sur moi n'a pas de prise
Et voyez comme j'emporte vos balises! "
Pauvres hommes qui avons voulu voler
L'amour, l'espace et la beauté,
Nous voici maintenent emportés
Sans espoir d'être un jour graciés.
La mer tangue et tangue encore,
Elle arrache, elle démate, elle dévore.
Ecoutons les cris de nos amis
Lorsqu'elle les emporte sans sursis.
La mer chasse de plus en plus fort,
Elle rugit ses désirs de corps
Et sur les bras des naufragés
Vient tatouer la mise à mort.
Il n'est plus question de jongler,
De s'étouffer à petit feu,
L'océan à gorges déchainées
S'en vient délier tous les noeuds.
Pauvres hommes, nous, qui avons voulu trouver
Toutes les richesses, tous les secrets,
Nous voici désormais abandonnés
A cette mer qui va nous capturer.
Ô femmes, vous, là-haut, sur la lande,
Ayez un peu pitié de nous
Car cette mère qui nous étrangle
Nous voulions la gagner pour vous...
Ô femmes, vous, là-haut, sur la lande,
N'oubliez jamais qu'au dernier jour,
Au coeur de cette furie ruante,
Nous vous avons confié nos amours!
Et dites bien à nos enfants
Et à toutes les dames des ports
Qu'en entamant la grande descente,
Vous, toutes, restèrent nos seuls trésors.
jim