Ils sont là, tous les deux,
Affalés, si vieux,
Chacun dans son coin,
Si près, si loin,
Ils ne disent rien,
Ils n'entendent rien,
D'autre qu'une vieille horloge en bois,
Hors d'âge, qu'ils ne voient,
Qui égraine les secondes,
Sonne les heures,
Du temps qui passe avec lenteur,
Assassin silencieux, dans sa ronde,
Qui les rapproche d'une issue,
Qu'ils attendent sans bouger,
Vers la paix, l'éternité,
Après une si longue vie, décousue,
A quoi pensent-ils, en silence,
Dans leur somnolence,
Rêvent-ils encore,
A leurs cheveux d'or,
Dérisoires souvenirs,
Des bibelots, des photographies,
Jaunies, des jours heureux, sans soucis,
Ensoleillés, plein de sourires,
Tous les deux,
Autrefois amoureux,
Avec leurs enfants,
Si absents maintenant,
De rares et obligées visites,
Rythment leur fin de vie, en fuite,
Dans ce naufrage de la vieillesse,
Envahis de faiblesse,
Usés, désabusés,
Ils attendent, à petits pas,
Une fin qui ne vient pas,
Les libérer.