Régulière et sans hâte tombe la pluie.
Une pâle lueur veille, comme assoupie.
Alors qu'une douce tiédeur m'environne
Et que mes yeux, aux vitres de ma fenêtre
S'égarent en vagues mirages champêtres...
Insensiblement m'arrive, monotone,
Régulier et sans hâte le chant de la pluie
Chant fluide qui m'environne et que je suis
Sous ma lumière pâle, et bien qu'assoupi,
Du fond d'un rêve que mollement j'éperonne,
Je l'entends frôler le vieux bois de hêtre
Qui demain, un jour, me servira peut-être...
Puis soudain je le perds au carillon qui sonne
Ce chant fluide qui m'enchante et que je suis.
Puis le voilà à nouveau ce chant dont le verbe
Ô combien intarissable couvre l'herbe:
Glissement continu, chuchotement infini
Le long des troncs crevassés et des ramures
Que la soudaine fraîcheur rassure...
Douce volupté d'ouïr , chaudement tapi
Ce piétinement sourd de la pluie sur l'herbe.
Parfois, surprenante et soudaine elle s'affole
Et plus bruyamment se verse sur la tôle.
Pour sa chanson nouvelle elle change de titre !
La brise, sans doute, entre les gouttes se joue
Ou, plus vigoureusement les feuilles secoue !
Des lutins frappent, impatients, à ma vitre,
La tambourinent et la chahute et la frôlent.
Qui donc êtes-vous qui, au dehors, peuplez ma nuit
Onde changeante, étranges génies ?
Quel Maître, de moi inconnu, vous ordonne ?
Quelles rives, quelles contrées vous ont vus naître ?
Oh... chantez, clamez avant de disparaître
Au doux feu qui crépite dans l'âtre et ronronne;
Etes-vous, dites... mirages ou messagers amis ?
Régulière et sans hâte tombe la pluie.
Sous la lueur pâle et vacillante, une Amie,
Image évanescente s'avive et sourit
Dans la pénombre de mes paupières alourdies...
Alors en un rivage lointain... je pars... je vis
Par de bien merveilleux souvenirs suivi,
Bercé par ce cher visage et par quelques bruits
Enveloppants et monotones de la pluie....
Tu te reconnaîtras.... Fitiavana Août 2014