Canard à l’arrange
Un canard se tenait, libéré de plumage,
Cuisiné par le temps, il bouillait de ses torts
Et le croupion au vent (le confort est volage)
Il se voyait offert au premier des castors.
Ainsi pour les plaisants se construisent les mythes
Qui trouvent aux rongeurs, animaux sans éclat,
Des raisons de briller, en vantards sybarites,
Et d’expliquer pourquoi leur organe est fait plat.
Ah, brave Gédéon, trop gentil palmipède,
Que dit-on de tes pas, de ton dandinement ?
Que de pans sur le bec, toi qui toujours trop aide !
C’est en face du Monde un grand détournement.
Ou grand retournement ? Tu nous diras la chose
Toi mon brave totem, oiseau sacrificiel.
Oh, couine un peu, coquin ! Chante donc si tu l’oses…
Convaincs-la de cesser le régime sans ciel.
Ceux de ta noble espèce marchent bien sans leur tête
Mais qui oserait dire qu’ils avancent sans cœur ?
Rappelle-lui, tu sais, la blanche maisonnette
Contre ça tomberait son dernier mur moqueur.
D’ailleurs elle écrivait, rompant un peu de glace,
Trois mots d’un air de rien, trois mots pour les amis,
Et toi tu l’as relue, trois mots, oui : « Je t’embrasse »
Et toi tu voudrais voir plus de sens qu’elle n’y mit.
Oh, qu’elle essaie un peu de te prendre à la ligne
Qu’elle approche sa bouche au nom du verbatim :
Si dessous ce bec plat sourdait l’erreur de cygne
Cachant rien moins qu’un prince et la raison de Grimm ?
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Mes plumes sont pour vous, et mon sang est leur encre,
Faites-en votre couche au bord de mon étang.
Je vous y trouverai, fidèle comme l’ancre ;
Dormez bien ma princesse, en amour sous le temps
Un autre moi, le 24 juillet 2015