Quand l'amour se perd
Je crie dans l’écorce de la matière mes plaies en faux morse, je désespère ! J’ai parcouru des miles et bu la mer. J’ai perdu mes îles, mes finistères. J’ai écrit des poèmes, lu des prières, je me suis vu bohème, Mercure éphémère. J’ai dévoré des plaines, craché des cimetières. Qu’on me donne la peine que mon amour se perde ! Que l’on me donne des peines, quand l’amour se perd... J’ai pris le pari d’être un désert, d’égarer des amis dans mes paupières. J’ai vendu ma raison au trépas d’un doux vers, j’ai oublié l’horizon, les fleurs d’hiver, les contes d’enfants, les sublimes chimères, les poissons, les serpents, les poisons, les fées, les cerbères, les caresses indolentes, les sourires de misère, les promesses en attente, la patience de la guerre. J’ai oublié la peau, l’odorante crinière, l’artère en sanglots, les voûtes plantaires, les serres boudinées, les clins d’œil délétères, la chair capitonnée, le front mal fier de mon amour que je perds. J’ai oublié d’aimer, de haïr, de plaire, le pardon, d'oublier que l’amour se perd. Pardon, j’ai oublié quand l’amour se perd. J’imbibe mes viscères d’éthanol. Je macère mon crâne dans du formol. Mon ego prise le monopole, ergo je m’immole et pollinise mon palpitant de nécropoles. Maudite soit ma foutue gloriole ! Mais quand les femmes rendent les bourses molles, les hommes amers quittent la mégapole. Quand est-ce que l’amour se perd ? Mon amour disparaît.