Paris s'enflamme
Sous le regard impuissant
De la Dame de fer,
L'horreur s'emparant
Des chairs qui s'affairent,
Paris s'enflamme.
Des boulevards aux champs
De tir, on s'agite.
Une patrie en danger, vite !
Qu'a-t-on fait à ses enfants ?
Paris s'enflamme.
Nulle rime, nulle stance
Ne sauraient stopper une balle,
Hélas, ou une âme en partance,
Ni une furieuse cabale.
Paris s'enflamme.
Du tricolore domine le rouge,
Non pas du bonnet de Marianne,
Mais des esprits le sombre bouge
Où naquirent des colères d'ânes.
Paris s'enflamme.
Voilà donc la Liberté,
Désormais en résistance,
Voilà donc l'idée de paix
Dont pâtit la France !
Paris s'enflamme.
Nos aïeux nourrirent des idéaux,
D'un vivre ensemble le rêve.
Qu'ils veillent sur nos héros,
Ceux dont le sang sonna la trêve.
Paris s'enflamme.
Paris s'allume, tel un saint cierge,
Il surplombe la Seine
D'où le courage émerge
Et fait sombrer la haine.
Paris s'enflamme.
Qui est donc ce Dieu despote
Qui craint tant sa propre image ?
Quelle est donc cette idée sotte
Qui prône l'amour par le carnage ?
Paris s'enflamme.
Nous naissons libres et égaux,
C'est du moins ce qu'on en dit.
Sous la mitraille ou le chaos,
Le coq chantera encore,
Sous la mitraille ou le chaos,
Le coq chantera plus haut !
Nous naissons libres et égaux,
Il chantera à jamais ceci,
Tant que le feu brûlera,
Tant que la pluie tombera,
Tant que la raison vivra,
Tant que Paris sera Paris,
Tant que la France sera ma France !