Quand Goethe a déjà suicidé sa première vie, Novalis et Hölderlin n'ont pas trente ans.
Ils errent, nazaréens de la plume cherchant le dieu caché qui leur rendra le droit de renaître.
Leurs calepins sont un seul pain et leurs dessins sont de sang.
Il coule en eux la sève des forêts profondes sous la dure écorce de ce qui ne pleure que par la pluie.
Ils vont leur chemin, n'apprenant que la déraison et courent à la mort comme vers un fleuve fraternel.
La prison de l'âme est la somme de ses drames.
Poètes allemands aptes à la licence, de quelle ancienne source aviez-vous tenu le droit de ne pas vous délier,
où vos moindres voisins vantaient la souffrance ainsi qu'un élixir d'ivresse
et finissaient souvent au ruisseau des fausses larmes
pleurant le rapt d'une heure de rang d'une belle hirondelle heureuse les anoblissant,
quand crachant le sang vos muses de vingt à trente ans se bannissaient du temps
et par des vents insalubres vous hissaient plus haut que le pur Icare n'aurait pu régner,
cette autre heure de la brève éternité parmi les hommes
brûlant les ailes des oiseaux qui volent avec elles,
leurs captives à jamais jeunes
et qui ne les laisseront pas compter avec le temps.