Denise Jallais (Denise Dubois-Jallais)
Poétesse et romancière née en 1930
Journaliste à Elle
Prix Amélie Murat (1955) pour l'arbre et la terre publié chez Seghers en 1954.
Alain Bosquet écrit à son propos : " La plus désarmante, la plus fraîche, la plus naturelle de nos poétesses."
Poète de la vie quotidienne elle fait éclater de petites bulles d'air sur les objets ou sur les événements apparemment de peu d'importance.
Quelques titres sont disponibles en lecture directe à La BNF http://data.bnf.fr/11900786/denise_dubois-jallais/
Les couleurs de la mer (extraits)
"L'hiver est comme une orange ouverte
Et je suis assise au fond de l'hiver
A manger des pépins
Toi, tu lis le journal
Et son ombre sur le mur
Est comme une feuille de Yucca
Dans un jardin"
"Assise sur la dune
Je regarde les feux du carrefour
Rouges pour arrêter ton cœur
Jaunes pour t'ensoleiller
Verts pour te permettre
Et les voitures roulent sous la pluie
Comme dans une brume jaillissante
Vers l'odeur mêlée de la plage et des chênes verts
Je regarde les feux du carrefour
Sages comme des phares de mer
Et ton ombre changeante
Qui grandit lentement
Du fond de la route"
"Mon corps dans tes yeux
Allume de petits poignards verts
Tu aimes mes cheveux et mes jambes
Mon cœur et ma bouche
Mais moi je n'aime plus t'aimer"
(Seghers, 1956)
Lundi
La femme là-haut étend son linge au vent
Et la manche rouge claque comme un drapeau rouge
Et la chemise d'enfant s 'agrippe à l'ardoise
Et la femme là-haut nage dans le vent et ajoute une épingle au ciel
Et ses doigts picorent comme des becs
Le séchoir du temps
Jamais elle ne lève la tête
Il pleut
Jamais elle ne regarde
La grue d'au-dessus
Bras de fer et pique-poids de béton
Qui tourne rôde rame
Insecte
Carcasse
Carnassière et mangeuse de lessive fraîche
Qui se meut dans la ville
Tremblante d'altitude
Entre les hirondelles