L'homme presque un vieil homme tournait lentement, les yeux fermés, dans la lumière douce ; les lampes avaient été baissées. Un soir qui rappelait le soir de la vie.
Il se laissait bercer par la voix sirupeuse de Diana. Se rappelait-il des moments tranquilles, ou bien des yeux d'une femme, doux à la tendre lueur verte, se rappelait-il de ses bras où il se lovait, qui ne l'étreignaient plus, ne l'étreindraient plus jamais, ou qui peut-être ne l'avaient jamais entouré ?
Il se moquait bien de qui pouvait bien le voir. Pensait-il à un triste et malheureux amour que chantait Paolo Conte, déjà vieux, pensait-il à ce soleil couchant sur une fenêtre qui se ferme alors que l'homme sur le banc a les yeux fixés sur cette croisée, à la fin d'un roman d'Edith Warthon ?
Ses larmes ne coulaient pas, retenues par ses paupières closes, il tournait, tournait très lentement sur lui-même, avec l'envie de se perdre dans l'espace, baigné par la musique douce, cette chanson mouvante.
Pensait-il à la fin d'une vie de cet amour qu'on garde dans son coeur, et qui aide à tenir jusqu'au seuil de la mort, pensait-il à ces yeux tendres et mystérieux qu'on voit dans sa tête avec un immense soulagement au moment où le souffle nous quitte ?