Comme le peintre s’arrache à sa toile
Le navigateur met les voiles
Par un empressement vital
Ils larguent tout à fond de cale
L’un s’extirpe des couleurs du temps
L’autre expire la fleur des vents
Dans l’énergie du tout vouloir
Ils dansent leurs vies comme leurs espoirs
Sur fond de toile, sur fond de ciel
Perdent leurs yeux pour l’éternel
Le peintre se donne à corps perdu
Le bateau vogue et reste nu
Le pinceau flirte au lâché prise
La coque résiste, jamais ne crise
Puis l’évidence alors s’enflamme
Une sensation venue de l’âme
Un dessin pur qui se décline
Sur leurs fronts à l’encre de Chine
Un destin rare à bouts de bras
Une tâche, une flaque qui signe ça
Quand tout est dit de leurs voyages
De leur sueur loin de leurs cages
Alors ils contemplent en silence
Leurs œuvres mouvantes comme une chance
L’un sur un mur, l’autre à l’air pur
Traces de leurs joies, de leurs blessures
En bas à droite du tableau
A l’ombre d’en haut sur les flots
Plane un mystère sur terre et eau
Leurs griffes d’amour, celles de l’oiseau
Paroles de Frédérique Cantais
Extrait de "RICOCHETS" paru chez Publibook.com