Cachée au hasard d'une triste ruelle,
Sa façade bleue et de guingois,
Comme un trop rare lapis-lazuli,
Nous capte nous attire à mi-voix,
Nous invite à oublier la pluie,
A trouver refuge contre les vents de noroit,
Son enseigne en lettres d'or surannées,
Porteuse d'espoirs encore inassouvis,
Nous attire, nous capte et nous séduit,
Plus ne compte que cette porte centenaire,
Plus ne compte que le battement assourdi
De la vie, qui émane de cet abri précaire,
Ni les embruns dans la ruelle s'engouffrant,
Ni le vent, ni les sombres cris des goélands,
N'ont plus ici droit de cité,
Oublié le vent, le froid , la précarité,
Plus ne restent que les accords enjoués,
Toutes les familles et amis ici rassemblés,
Dans les chopes la bière qui abonde,
Les voilons qui combattent et se répondent,
Comme deux aboiements dans les prés émeraude,
Comme deux étalons qui galopent à travers la lande,
Comme l'air vif et grisant de la mer d'Irlande,
En une nuit sans fin, oubliant les éléments déchaînés,
Bercés par la harpe et le violon, la flute et le tambourin,
Emportés par l'âme des celtes, nous nous sommes tant aimés...