Un piano de bastringue décimé
Aux refrains âpres, forts, qui se hument,
Donne le bal à des canaux élimés
Courtisés par de fragiles coteaux de brume.
Combien de fois ai-je imaginé Arno,
Chantant, dansant, à la marée recourbée,
Le sang en bières, le cuir botté dans l'eau
Face à Ostende et ses multiples baies?
Ici, la musique vit, sans fard, dans les vagues,
Les kermesses, les herbes, la démarche des filles.
Au large, la nuit dessine une escorte de bagues
Qui d'une main libère et de l'autre relie.
J'aime m'asseoir sur ces môles qui ne sont plus à l'heure,
De Dunkerque ou d'ailleurs, aimablement hantés,
Pour écouter sans crainte et surtout sans douleur
Ces si belles légendes que le vent aime chanter.
jim