L’empreinte d’une main
Je regardai ses yeux. Oh, comme ils étaient bleus !
Puis je lui pris la main. Oups ! comme elle était rêche.
Une main d’ouvrière avec des doigts calleux…
Et moi qui m’attendais à une peau de pêche.
Mais sa main dégageait une étrange chaleur,
De celle que libère une âme vigoureuse.
Là, le bleu de ses yeux prit de la profondeur
Et dans ses doigts courait une onde généreuse.
Elle n’était pas mienne, et même l’embrasser
Ne me fut pas donné. Mes lèvres sur sa joue
Ne peuvent rien en dire. Je ne peux que penser
A cette main de bure, une empreinte qui noue
Un lien sensible auquel le temps s’attaque en vain,
Même si aujourd’hui, longs sont les kilomètres
A parcourir pour juste lui serrer la main...
Mais ma main, dans le noir, pourrait la reconnaître.