Je n’eus de nouvelles de Mai 68 qu’au travers des ondes d’un poste radio. C’était la nuit, en Allemagne. Une douzaine de recrues des « Forces Françaises en Allemagne », dont je faisais partie, dormaient dans la chambrée, où j’étais en train d’écouter des nouvelles des barricades de la rue Gay-Lussac, à Paris et des blessés dont on faisait le décompte, au petit matin. Mes camarades de chambrée me priaient d’éteindre la radio, mais je n’en faisais rien : j’avais rêvé , durant des mois, de ce « grand soir ». L’événement se produisait, – et j’étais absent. C’est souvent ainsi.
Nous étions « consignés » dans le périmètre de la caserne : pas de permissions, pas de sorties. L’état-major avait décidé de nous divertir, pendant ce temps, peut-être pour éviter toute subversion. Des gradés d’un grade plus élevé que d’ordinaire venaient, le dimanche, nos proposer de jouer des parties de pétanque avec nous, – tandis qu’au même moment, à Paris, s’écrivait l’Histoire.
8/6/17