Un sympathique poème qui a tout d'une fable... hormis la forme.
Des chats, j'en ai trois, dont une de gouttière, et je les reconnais bien là.
En raison des diérèses resserrées en synérèses, il y a des vers moins mélodieux, où l'on sent que les douze pieds proposés en sont, en réalité, treize. C'est un peu dommage, ce parti pris d'ignorer les diérèses quand ça vous arrange. Car vos poèmes sont fort beaux, joliment métrés... et paf, tout d'un coup, un écueil ! Bien sûr, les lecteurs, pour la plupart ne s'en rendent pas systématiquement compte. Mais, comme vous écrivez en vers classique, beaucoup de vos lecteurs sont ceux qui apprécient ce genre, et eux repèrent l'écueil immédiatement.
Thomas, vous devez avoir comme moi des origines très mélangées: ancêtres iroquois, mais un nom de famille écossais... Et puis, les ancêtres des Premières Nations en général, c'est tout de même assez exotique, surtout vu hors de l'Amérique du Nord!
Pour finir, voici un exemple de ghazal, par Aragon:
"Gazel du fond de la nuit"
Je suis rentré dans la maison comme un voleur
Déjà tu partageais le lourd repos des fleurs au fond de la nuit
J’ai retiré mes vêtements tombés à terre
J’ai dit pour un moment à mon coeur de se taire au fond de la nuit
Je ne me voyais plus j’avais perdu mon âge
Nu dans ce monde noir sans regard sans image au fond de la nuit
Dépouillé de moi-même allégé de mes jours
N’ayant plus souvenir que de toi mon amour au fond de la nuit
Mon secret frémissant qu’aveuglement je touche
Mémoire de mes mains mémoire de ma bouche au fond de la nuit
Long parfum retrouvé de cette vie ensemble
Et comme aux premiers temps qu’à respirer je tremble au fond de la nuit
Te voilà ma jacinthe entre mes bras captive
Qui bouges doucement dans le lit quand j’arrive au fond de la nuit
Comme si tu faisais dans ton rêve ma place
Dans ce paysage où Dieu sait ce qui se passe au fond de la nuit
Ou c’est par passe-droit qu’à tes côtés je veille
Et j’ai peur de tomber de toi dans le sommeil au fond de la nuit
Comme la preuve d’être embrumant le miroir
Si fragile bonheur qu’à peine on peut y croire au fond de la nuit
J’ai peur de ton silence et pourtant tu respires
Contre moi je te tiens imaginaire empire au fond de la nuit
Je suis auprès de toi le guetteur qui se trouble
A chaque pas qu’il fait de l’écho qui le double au fond de la nuit
Je suis auprès de toi le guetteur sur les murs
Qui souffre d’une feuille et se meurt d’un murmure au fond de la nuit
Je vis pour cette plainte à l’heure ou tu reposes
Je vis pour cette crainte en moi de toute chose au fond de la nuit
Va dire ô mon gazel à ceux du jour futur
Qu’ici le nom d’Elsa seul est ma signature au fond de la nuit !