La mort de Victor
Monsieur tout va bien
Vous allez vous en remettre.
_ Hélas mon ami, je n'en crois rien,
Mon heure est venue je le sais.
Mais vous ne pouvez pas mourir,
Pas vous, pas un si grand homme !
Vous êtes si connu, tant aimé !
Tout le bien qu'au peuple vous avez fait,
Votre œuvre n'est pas terminée ...
_ J'ai agis avec le cœur
Et réalisé ce qu'à leur place
J'aurais aimé recevoir.
Mais votre fortune immense
Qui va la récupérer ?
_ Donnez tout aux affamés
Qu'ils aient un toit et un souper.
Et vos meubles ?
_ Vendez les.
Vos villas ?
_ Faites-en des orphelinats.
Et votre dernier manuscrit ?
_ C'est lui auquel je tiens le plus
Avec mon encrier.
Mais je l'ai fini
Et je veux les donner.
C'est le plus beau cadeau
À n'en point douter
À ce nouveau chef-d'œuvre
Tout le monde va pleurer
_ J'y ai mis tout mon cœur
Et toutes mes pensées.
Mais quel chanceux éditeur
Va le publier ?
_ Je ne souhaite pas le publier
C'est à une femme
Qu'il faut le donner.
Une femme ?
_ Oui, une femme.
D'une grandeur immense.
Par la majesté de sa présence,
Elle dévoilait du monde entier,
Les mystères et la beauté.
Une femme connue ?
_ Non
Mais la vôtre est décédée.
Pas de fille. Une admiratrice ?
_ Non
Une ancienne maîtresse ?
_ Non
Une enfant cachée ?
_ Non
Un être aimé ?
_ Non
Mais qui alors ?
_ Juste une femme, que j'ai parfois croisée ...
Récemment ?
_ Non, il y a plus de 40 ans.
Mais c'est … depuis une éternité !
Votre carrière même n'avait pas commencé
Vous n’étiez pas encore connu !
_ Oui c’était même avant son début.
Mais alors, qui est-elle ?
Que s'est il passé ?
_ Rien.
Rien ?
_ Rien !
Mais pour de votre bien
Le plus précieux, hériter ;
Qu'a donc fait cette belle ?
_ C'est toujours elle
Qui m'a inspiré.
[William Valant]
