Violaine. C'est Violaine.
L'âpre au gain, elle ne cède pas.
Elle est normande
Un jour qu'elle était seule,
A huis-clos on la viola,
Sans l'annoncer ni le lui dire.
Violaine a ses yeux noirs quand elle y pense.
Dépecée, son âme gît.
Alors, dans ses poches, parmi canards et oies,
La chienne Philomène, les ânes battus
Elle a mille canifs sous la lune
Et les aiguise avec lenteur.
Jambes serrées, bonnet soudé
Mains avalées contre ses hanches,
Elle y pense et s'y emploie.
Viendront un jour dans la bicoque
Plus vieux, plus durs, ces peu bavards
Au lieu du crîme.
Reprenant leur besogne
Pantalons tombés, lourds cuirs jetés
Jurant, pestant, salivantes carcasses
Ils doubleront leur entreprise
Pleins de blasphèmes.
Sauf que Violaine, car c'est Violaine
Dans le coeur de chacun ses couteaux plongera
Ses astiqués coutelas.
Bien tranchants enfoncera.
Elle guette par les carreaux
Leur retour perdu.