Parlant de son métier, la photographe Valérie Jouve déclare : « nous, on appuie, toute l’alchimie se fait par la lumière ». Ce qui me plaît dans cette phrase, c'est l'évocation de ce « je ne sais quoi », ce « presque rien », extérieur à « nous » , qui ne nous appartient pas, qu'on le nomme « alchimie », ou d'une autre manière, et qui agit, de façon décisive, sur notre création.
Il en est de même dans l'écriture : on prend la plume, on écrit, quelque chose se noue, ou se dénoue, en écrivant. Qu'on écrive sa joie ou son désespoir, son amour ou son désamour, l'un et l'autre sortent transformés du travail de l'écriture. Comme dans l'alambic qui transforme le fruit en alcool, une transmutation salvatrice s'opère, chemin faisant : « écrire, c'est transformer l'impossibilité de vivre en possibilité de dire » (Jean Starobinski).
9/8/18