Ma mère a peur depuis longtemps : quand j'étais gosse,
Elle inventait déjà des maladies féroces
Quand j'étais enrhumé. Je ne comprends pas ça.
Que ce soit de l'amour, je veux bien, pourquoi pas
Mais ça collait un peu. J'en avais plein les bottes.
Après un temps, malheur : Elle a eu les chocottes
Et faisait des discours. Moi je devenais sourd
À ses petits sermons. Je faisais des détours
En sortant de l'école. Il fallait de l'adresse
Et ça ne s'apprend pas dans les livres de messe.
Après, j'ai rencontré des copains amusants,
Plus libres, beaucoup plus que moi, c'est évident.
Ma mère a peur toujours mais c'est là sa nature
Et nous nous devinons dans nos mésaventures.
L'affaire s'est corsée quand elle a découvert
Ma pipe à cannabis. Là je n'étais pas clair.
Quel drame pour ma mère et mon père en colère
Usait d'autorité pour résoudre l'affaire.
Il a autant de mal à me voir différent
Que j'ai, moi, d'irrespect pour son tempérament.
Élever mes parents est, pour moi, difficile.
Il faut que je m'impose à leurs idées fébriles.
Ma mère a toujours peur ; il faudrait qu'elle aussi
S'éloigne des soucis et qu'elle y fasse un tri
Sinon, à me couver elle deviendra folle
Et je n'ai pas le dos glorieux d'une idole.
Ah vraiment quel malheur ! Je n'aurai pas d'enfant :
C'est bien trop de souci, j'aurais peur tout le temps.
Lignes brisées ©M.KISSINE – ISBN 9782919390175–DLE2015