Une rivière bordée d’arbres en fleurs
coule silencieusement,
inaudible à l’ouïe d’une grande personne.
Seule l’oreille attentive de l’enfant
peut percevoir l’imperceptible.
Seul son regard peut voir l’infiniment microscopique.
Il court dans le pré qui longe la rivière.
Il joue dans les herbes hautes et vertes
qui rafraîchissent la rougeur de ses joues.
D’autres herbes,
d’un vert plus pâle plongent dans l’eau.
Elles s’engraissent, Mais pas seulement.
Elles consolent, unitairement,
le cœur de la rivière.
Elles attendent les vaches
du lac Enol et celles du lac Ercina.
Là-haut dans la montagne.
Plus bas, les grottes de Covadonga
guident le ciel comme une corne de brume…
Déroutant le taureau qui passe.
Un étang… Une fontaine…
La monnaie des désirs
qui tombe tinte comme des cloches.
Le taureau s’abreuve… Les vaches se noient.
Les herbes grasses,
près de la rivière,
attendent les vaches.
Les vaches ne viendront pas.
Les herbes se courbent.
Elles essuient la rivière.
Les lacs de Covadonga
viennent pleurer dans la plaine.
L’enfant redresse les herbes courbées et,
d’un cercle d’argent
et trois ricochets d’une pierre plate,
tresse un mouchoir aux larmes miroitantes.
Au bord de la rivière,
l’enfant se penche.
Je vois mon visage.