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Nos retrouvailles posthumes


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#1 Célédonio Villar Garcia

Célédonio Villar Garcia

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Posté 28 octobre 2018 - 04:14

Je descends l’escalier, d’une balle de plomb

Jusqu’au bas de l’immeuble où je blesse l’aiglon.

De son bec, aussi dur qu’un vieux rhinocéros,

Il dévore mes chairs d’un appétit féroce.

Je lui dis : « Oust, dehors ! Va te mettre à la diète

Mais des chairs entamées je te laisse les miettes. »

L’aiglon prend son envol, tombe puis rebondit.

Dieu, que la nuit est calme, aucun moteur vrombit.

Dieu, l’aiglon est-ce l’ange aux ailes déplumées

Par la flamme vorace aux amours allumées.

La dépouille d’un chat erre dedans mes yeux.

Ciel, entend mon secours à l’écho de tes dieux.

Je m’approche du fleuve aux paupières baignées,

Comme un judas qui passe à travers la saignée.

Je fabrique un cercueil à nul autre pareil

Avec des liens de pluie et des brins de soleil.

Je donne tout pouvoir à la main gauche adroite

Pour construire pour toi un si paisible cloître

Que la rouge colère en son âme perdrait

La trace du remords, l’empreinte des regrets.

Ami, repose-toi. La tâche est accomplie.

Adieu mon compagnon. À Dieu je te confie.

Repose-toi, l’ami, dans le lit des ronfleurs.

Si ce fleuve est mon Gange aux prières en fleurs

Ne crains rien des hivers rigoureux qui approchent.

Des carcasses d’amour rôtissent à la broche.

De bûches, elles font danser les feux follets

Sur les carrés fondant des chocolats au lait.

Riches et bienheureux, de presque dix sous, rires,

D’un éclat de centime, achète le sourire

Dans la bouche courtoise ouverte au commerçant

Qui la voit se fermer tout en le remerciant,

Et le même sourire aux lèvres basanées

Se dorer de soleil… Tu vécus treize années.

Maintenant il est l’heure. Elle arrive là-bas…

De t’ouvrir avec elle un infini cabas.

Tu te couches, mon ange, et les anses de l’ombre

T’emportent, me laissant comme un tas de décombres.

S’il règne ce soir deux dieux au-dessus de l’Ain,

Ils ont créé pour toi un paradis félin.

Si le troisième, fier des sentences du juge,

À mon cadavre demain ferme le refuge,

S’il jette mon amour au vulgaire mépris

C’est que de cet amour il n’aurait rien compris.

Je cracherais « cent foi » aux vierges interdites

Mon âme noire, par quatre missels, maudite.

Je lui dirai : « Tant mieux ! » Mille fois mes hivers

Se coucheront avec des asticots de vair

Juste avant de te voir puis de m’exclamer : « Que le

Printemps de ton éden est beau. » Quand de ta gueule

Je verrai d’une tranche un fond de salami.

Alors, tu me diras : « Bienvenue, mon ami ! »