LE ROI DES AULNES RIME EN ALEXANDRINS
Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent ?
Qui chevauche si tard ? Le père et son enfant.
Le père tient son fils dans ses bras fermement
Il le serre sur lui. Il réchauffe l’enfant.
Mon fils, de quoi te camoufles-tu le visage ?
Père, tu ne vois pas, là-bas, le Roi des Aulnes?
Le Roi avec sa longue traîne et sa couronne?
Mon fils, ce n’est rien qu’une brume qui surnage.
Viens donc, mon cher enfant, viens me voir si tu veux
Je jouerai avec toi à de si jolis jeux !
Sur la rive il y a des fleurs multicolores
Et ma mère possède maintes robes d’or.
Père, père, n’entends-tu pas ce que le Roi
Des Aulnes me promet avec sa douce voix ?
Reste calme, mon fils, sois calme, mon enfant.
Ce qui fait murmurer les feuilles, c’est le vent.
Veux-tu, gentil garçon, partir avec moi, dis?
Mes filles vont savoir te divertir les sens
Mes filles mèneront la ronde cette nuit
Elles te berceront de leurs chants et leurs danses
Père- et les filles du Roi des Aulnes, au loin,
Tu ne les vois donc pas, dans ce sombre recoin?
Mon fils, mon fils, mais si, je vois très bien d’ici.
Mais ce sont les vieux saules qui semblent si gris.
Je t’aime - je suis fou de ta belle apparence
Et si tu ne veux pas - j’userai de violence!
Père, père - le Roi commence à m’ agripper.
Le Roi des Aulnes m’a fait mal, il m’a blessé !
Le père, épouvanté, chevauche droit devant.
Il soutient dans ses bras son enfant gėmissant
Il galope et arrive à grand peine à bon port.
Mais dans ses bras, déjà, son enfant était mort.
Goethe