Les intelligents
Les intelligents
Savent de tous temps
D'un livre sacré
Tout règlementer.
Quand sa loi est dure,
Le paradis sûr
Est la récompense
Des gueux, par essence.
Qu'on ne vienne pas
Quérir ici-bas
Un peu de justice
Dans nos immondices.
C'est après la mort
Que la voûte d'or
Saura rembourser
Les peines passées.
Les intelligents
Passent tout leur temps
À dire le droit
Divin, chaque fois
Que l'humanité
Se met à douter
Qu'ailleurs quelque chose
Ait un goût de rose.
Sans fin ils expliquent,
Par la rhétorique,
Que la Vérité
N'est pas Liberté
Mais denier du culte
Soustrait aux occultes
Et vains dévoiements
Ourdis par Satan.
Les intelligents
Font mille serments
De sauver les âmes
Des bûchers en flamme,
Pour être compris,
Peaufinent le tri :
Purification,
Cachots des prisons,
Et autodafé
Des livres damnés.
Et d'interdiction
En lapidation,
Leurs lois justifient
L'horreur, sans merci,
Car l'autorité
N'a pas de moitié.
Les intellectuels
Y perdent leurs ailes,
Survivent à l'ombre
Des fauteuils vert sombre
Quand d'autres périssent
Aux mains des milices.
Le monde se range
Et rêve d'archanges...
Mais Dieu, dites-moi,
Est-Il, n'est-Il pas ?
On sait que les sages,
Loin des nécrophages,
Doutent et redoutent,
Mais qui les écoute ?
Les idées, les rêves,
Par le divin glaive
Sont, aux cimetières,
L'humus de la terre
Depuis si longtemps
Qu'on oublie souvent
Pourquoi on est là
Pour qui l'on s'en va.
J'ai la fantaisie
De croire aujourd'hui
Que Dieu est petit
Quand tout est pourri,
Qu'il fait des caprices
Quand la terre glisse,
Inondant le monde
De misère immonde,
Quand un nouveau-né
Meurt avant l'été.
Les intelligents
En font leur pain blanc,
Et des sans-abri
Se font un tapis.
Pour tant de pardons,
Tant d'or, tant d'argent,
Reste une raison :
Dieu est un enfant.
Te semper amabo - ISBN 9782919390038 - DLE2011
