Votre maquis de ronce et ses fils barbelés,
Résigneront le souffle à vos corps empalés,
Leurs grappes corrompues, vous en souviendrait-il,
Et leurs bleuets renflés comme des nombrils.
Le bel âge qui ferre ses souliers de gueux
Aux semelles crottées d’un brunâtre cendreux,
En ces terres brûlées où votre coeur lansquine,
Est une allégorie que des orties purinent,
Cette volupté nue d’une saison précoce,
Telle que de l'oublie, captant l'oeil rond des gosses,
Une mûre sauvage à leur bouche d’enfant,
Qui mange leur visage en un baiser sanglant…
Le monde est ainsi fait qu’il tisse ses sindons
Dans le lambeau écru d’un drapé de linon
Où ses héros s’endorment avec les statues,
Du triomphe, plus grands que l'Illustre Inconnu.
Chevauchant le néant de vos deserts sublimes,
Fourbissant la folie au tranchant bellissime
Vous buviez les poisons d’une vessie mystique,
Lorsque sous les lampions, à l’ombre d’une tique
La vie vous semblait laide au point d’en soulever
Les remugles d'un trou où sont les rats crevés.
Camelots et poètes, à la fraîcheur du jour,
Et d'une main tendue, vous prouvent de l’amour
Qu’il n’a du prix cédé que la valeur qu’on donne
A ces difformités parfois que l’on pardonne…