Dès l'approche du soir et de ses ombres grandissantes, marquant la fin d'une journée, s'entendent les murmures secrets de la campagne. Au bout de la petite route, là, où s'arrête le village dans le silence de ses dernières maisons, tout semble vouloir s'assoupir dans cet écrin de verdures, de pierres et de tuiles que le crépuscule rend plus troublant .Le regard étonné, découvre le mystère de cet instant .Là,déjà présent commence l'espace de la forêt. Monde peu connu et fascinant dès la tombée de la nuit . Contrée pleine de multiples murmures troublants, envoûtants, inquiétants et malgré tout grisants aux heures nocturnes si discrètes
Cet univers, si nous osons l'accepter, le découvrir, guidera nos pas curieux, déjà plein de nos pensées si chargées d'histoires. Histoires qui savent s'habiller de magiques paroles comme remontant d''un espace perdu dans les lointains flous de notre mémoire. Période toutefois enrichie de la vérité d'un pays que beaucoup n'acceptent plus de regarder, les yeux grands ouverts, tant ils sont devenus esclaves de leur planète de consommation poussière où ils se perdent en oubliant les richesses toutes simples du bonheur du monde.
Savoir garder les mains nues, curieux et humble à la fois, sans cesser de croire à la source claire et pure qui coule secrètement en nous,afin d'ouvrir le rideau de trop d'orgueil qui nous cache la lumière.
Là, tout au bord de ce territoire d'arbres, de terre, de branches, d'odeurs et de taillis, envoûté par le présent, j'écoute l'approche de pas réguliers et calmes s'avancer dans le chuchotement anonyme de ce bois. Cela semble annoncer les pas lourds et prudents d'un cheval. Il n'est pas seul, son cavalier lui murmure discrètement des paroles qui se veulent certainement rassurantes pour le guider sur le chemin devenu invisible par l'obscurité nocturne. J'imagine qu'ils s'avancent vers ma présence. Subitement ,un frisson de l'air détruit l'harmonie de cette minute où se préparait une probable rencontre. Les pas lourds s'éloignent et déjà se perdent dans la profondeur du soir. L'oubli s'installe sur cette espérance de contact, de découverte. Alors, une envie folle aiguise ma quête, tant ma soif de connaître est grande. Me voilà, maintenant présent dans le bois qui subitement m'apparaît peu hospitalier.Pourtant un vif désir de connaitre l'autre côté de l'obstacle de cette forêt me pousse à m'aventurer à l'intérieur de ce lieu où se repend la nuit. Mes pas adoptent la prudence et me stimulent également. J'avance vers une découverte qui ne pourra que me concerner. Le noir troublant qui enveloppe la voûte forestière va-t-il dans la violence d'un éclair, déchirer l'obscurité et me dévoiler la fascination de cet instant. Mes pas, toujours aussi peu rassurés, tâtonnent pour essayer de trouver une direction encore incertaine. Pourtant je la souhaite favorable. L'enchevêtrement de branches hostiles s'amusent à devenir obstacle pour m'empêcher d'avancer. La nuit est devenue si profonde que j'ignore où me conduit mon ivresse de savoir mal assuré en ce lieu que je crois malveillant. Peut-être, ma marche n'est qu'un manège qui me reconduit à mon point de départ empêchant d'ouvrir mon regard vers une lueur riche d'espoir. Mon esprit va-t-il ouvrir enfin une porte intérieure et dérouler au devant de ma recherche , la route secrète de tant de moments de fièvre vers la vérité, me conduire vers la porte de l'avenir.
Combien de fois faut-il au cours de l'excursion des années accordées, faire une pause afin de méditer sur le chemin déjà parcouru. Puis, essayer d'ouvrir l'horizon d'une lueur nouvelle afin de démêler tout ce temps trop vite passé. Temps qui sait si bien nous remplir d'mages où se réveille parfois l'imaginaire des souvenirs. Souvenirs vécus dans un décor d'extase joyeuse nous accordant des larmes de bonheur et d'oubli, où discrètement se cachent sans que l'on y prenne garde des fragments de tristesses toujours prêts à grandir, se réveiller , exploser et nous envahir.
Encore et toujours, garder les mains nues, innocentes d'aucune convoitise. Rechercher sans relâche cette source claire et si pure qui secrètement coule en nous malgré nos envies funestes. Entendre la beauté du monde, ne rien oublier. Marcher jusqu'au bout de l'invisible sans aucune amertume. Ne jamais laisser triompher le passé, mais lui garder une probable estime. Enfin arriver au bord de cette clairière désignant la fin de la nuit profonde. La forêt s'oublie et garde jalousement ses détails troublants.
Regarder dans l'illumination rêveuse de la nuit le cavalier et son cheval, tel une ombre dessinant un contour du paysage, là,où, le ciel rencontre le début de la terre. Ils semblent m'attendre et dans le silence immense qui enveloppe cette image, l'homme, comme un signe, lève le bras. Il semble me désigner, sans un souffle de parole, là, dans la grandeur du monde qu'inonde le ciel étoilé, la direction d'une seule étoile. Etoile qu'il me faut sans aucune aide découvrir dans la grandeur de l'univers. Etoile devenant la sagesse, le phare de ma route, si hors de tout orgueil, j'accepte de suivre la beauté de l'unique flamme qu'attend encore mon âme vers sa destinée. Eternité d'un temps toujours présent dans la découverte de la vie où s'émerveille un regard encore neuf et chargé d'année pour courir doucement vers la connaissance, là, où bat mon coeur fragile de tant de saisons.
Dans la beauté lumineuse de la nuit , une étoile filante traverse le ciel en emportant mon regard étonné, vers plein d'autres miracles.
JP D'ILLIBERIS
27/01/2019