La bibliothèque
I
Dans la bibliothèque, aux instants embrumés
Où la rumeur du jour annonce ses promesses,
Je me plais à flâner près des livres aimés
Qui gardent, de tes mains, l’empreinte enchanteresse.
Les reliures dorées domptent mes yeux charmés
Et mes doigts, sur le cuir, tracent d’une caresse
D’invisibles sillons pour les joies à semer
Qui fleuriront bientôt en jardins d’allégresse.
Puis mon regard s’arrête au dos d’un vieux bouquin.
Je l’ouvre et monte à bord d’un trouble palanquin
Dans les rues enfumées d’un orient d’aventures.
Jusqu’où va m’emmener ce mystérieux récit ?
Vers quels anciens savoirs ou quelles prophéties ?
Que j’aime les parfums des nouvelles lectures !
II
Quand mon regard s’arrache à la dernière page,
Le soleil a laissé l’univers à la nuit.
Tout le jour, les stations d’un fabuleux voyage
Ont dérobé mon âme aux affres de l’ennui.
Mais plus qu’à l’exposé des passions et des rages,
Plus qu’au destin poignant des amants éconduits,
Je me suis abreuvé aux liqueurs du langage,
Au verbe distillé par des âges enfuis.
Au fertile limon des mythes et des mots,
L’Homme peut retrouver les symboles primaux
Qui guidèrent ses pas quand la Terre était belle.
Glanons, si tu le veux, ces lumières obvies
Pour orner le fronton du temple de nos vies
De l’éclat infini des amours éternelles.