De tes amours noyés dans quelque vieux chagrin,
Sauras-tu d'un émoi avant que ne survienne
Ce que le souvenir né d'un pleur orphelin,
Affole d'un regard et déroute sa peine
Vers ces affleurements qu'on fait de nos tristesses.
Sauras-tu d'un émoi, échapper aux poussières
Qui embuent tes beaux yeux retenant un sanglot,
Quand s'offusque un sourire à n'oser d'un seul mot,
L'aveu fait à son coeur pour que bruissent nos chairs
De ces frissonnements qu'on dit de nos ivresses.
Sauras-tu d’un émoi, déboutonner ton âme,
Comme glisse un jupon jusques à tes pieds nus,
Ce panier de fruit mûr où fermente le jus
D’un désir dont je cueille le parfum de femme,
Et l’abandonnement aux élans de jeunesse.
Tu sauras cet émoi, qu’à force de souffrance
dans l’outrage poli, tu ressens quelquefois,
sur ton front où le temps s’opiniâtre à la stance
de tes rides froncées dans le soir discourtois,
Cet autre étiolement couché dans la détresse.
Tu t’émeus, je le vois, et le jour illumine
Le contour délicat de ton être naissant.
Un pinceau de lumière en ton coeur, maintenant,
Percera le secret des douleurs clandestines,
Qui de l’acquittement accuse les faiblesses…