Ta rue est devenue buissonnière, clocharde,
tu ne la voies plus sous le même angle des passants ordinaires.
Ta rue est devenue buissonnière, clocharde,
sans repères, elle te dérègle et tu restes à l'écart du rêve
et du cœur de la vie passée à descendre l'échelle.
Ta rue est devenue buissonnière, clocharde,
et profondes sont les ornières qui culbutent ta tête.
Ta rue est devenue buissonnière, clocharde,
elle est à sens unique et brouille l'espace d'ici à un ailleurs de terme,
tout dévêtu, qui évolue nu, sans armures et de temps qui, aux tempes qui ne bat plus.
Ta rue est devenue buissonnière, clocharde,
l'aujourd'hui, c'est l'hier et tu lis l'heure saine
dans le regard du piéton qui se penche vers toi pour une pièce.
Ta rue est devenue buissonnière, clocharde,
l'espace a changé, ce n'est plus un carrefour, une place entière,
c'est un cul-de-sac au chacun pour soi.
Ta rue est devenue buissonnière, clocharde,
le temps ne file plus, il s'est arrêté à pile,
il n'y a plus de face, tout se hache et se désorganise.
Ta rue est devenue buissonnière, clocharde,
dans ce monde fait "d'ici-bas", tu ne sais qu'attendre à perpétuité...
comme l'espoir.
