Un jour, un chevalier
On raconte qu'un jour, arrivant chez lui, tôt,
Un chevalier se trouve en face d'un maraud
Dans le lit conjugal, montrant dans sa main droite
Un morceau de pain blond. La main tremble, elle est moite.
Ô jugements humains, que vous nous torturez !
Ce cadeau de l'épouse est hymne à la bonté :
Qui n'a jamais eu faim pourrait punir cet homme
Et dupé soit celui qui croit en son royaume,
Alors qu'un indigent reçoit de quoi manger.
Le Très-Haut en Esprit, devant le chevalier,
Ne dit rien. C'est ainsi que le silence opère :
Après l'accablement lui monte une prière.
Le grand Maître choisit comme il veut ses amis.
Son pouvoir infini n'échappe qu'aux petits
Quand les braves, ailleurs, s'occupent à la guerre.
Un geste de partage efface les frontières.
Sur la nappe du ciel, le pain rond est à tous
Ceux qui tendent la main. Les autres sont des fous.
L'univers tout entier signe, de la Présence,
Avec mille bontés et tant de bienveillance,
Un geste pour le monde et pour ses compagnons.
Voyez les rats, les loups, regardez les moutons...
L'ombre est la grande amie de la blanche lumière.
Extrayez votre suif de toutes les manières,
L'âme et le corps, unis à l'eau de vos rivières.
Que savez-vous de vous ? Votre petit abri,
Restant à la surface, est sensible au roulis,
Mais il ne connaît rien des profondes valeurs.
Arrachez la serrure : elle est là, votre peur !
Pour un coffre d'argent, vous voyez un mirage.
Oubliez les palais. Faites ce long voyage.
Un homme, qui ne sait changer en pur bonheur
La peine de l'amour, est plus noir qu'un voleur.
L'océan du savoir traverse des vallées.
Telle est l'humanité de votre destinée.
Les oiseaux du parfumeur
ISBN seconde édition 9781326973353
Dépôt légal 2014© M.KISSINE