Faut-il que nos heures soient si longues & froides
Ou que nos lèvres craqu' sous toute tentative
De dire chose si douce aux âmes si roides
Pour qu'enfin, au terme de la nuit oblative,
Le coeur rempli de la lourde angoisse des sombres
Fleuves qui charrient l'encre esquissée de nos chers
Morts, tandis que de la pierr' fêlée des décombres
Éclot une jacinthe aux teintes de ta chair,
Un filet d'or perle des glaces de mon coeur
Et ma main tremblante à peine pose les mots
Qui disent & qui taisent par-delà la rancoeur
L'atroce splendeur attisante des désirs animaux
Que parent d'innocenc' les souffles de l'été
Cachant jusques au soir la coupe du Léthé.
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