son corps se mêle au vent, au sable,
au rocher,
l'eau le prend, puis le rend à la rive,
ses ongles s'incrustent dans la chair,
comme l'épine du rosier
dont il courbe la branche
et qui résiste et le mord
sous l'équateur, la nuit,
il tutoyait les constellations,
il dansait avec les astres,
qu'il suivait dans leur lent basculement,
de la Grande Ourse à l'Etoile du sud,
comme un grand sablier rythmant
l'éternité
autrefois,
il s'était cru un instant le maître de l'air,
le roi de la création, tel un nouvel Icare
suspendu à une aile, entre ciel et terre,
avant de se retrouver le cul par terre,
à sa vraie place, au ras du sol,
au milieu des hommes
aujourd'hui,
il s'abandonne, non plus à ses désirs
mais aux appels du dehors,
au hasard des rencontres,
il ne sent plus les frontières
entre lui et les choses,
entre lui et le monde
dans l'eau, il est la vague de l'océan
tant son corps épouse la houle,
à fleur de mer, comme le dos du requin,
sans une ride
c'est là qu'il aime se trouver
ou bien se perdre