Je suis perdu dans ce monde humain.
Qu'importe les endroits,
les mondes que je traverse,
les gens que je rencontre.
Qu'importe les battements emballés de mon cœur,
l'appétit rassasié de ma curiosité,
l'émerveillement de mes sens.
Qu'importe l'infini beauté de la nature,
du vivant qui la peuple et la pare de milles atouts.
Qu'importe toute ces choses me rendant dépendant au voyage.
Je suis perdu dans ce monde humain.
Il n'est pas faute de l'avoir parcouru comme je le ferai encore,
tel le plus puissant des palliatifs.
Plus je vois de choses, ces montagnes,
ces lacs et ces plaines, moins je les vois,
comme relégués au second plan de la fresque planétaire.
Partout les hommes éclaboussent le tableau, souffrent et font souffrir,
courant derrière un bonheur qui se déplace toujours plus vite.
Plus j'arpente le monde et moins je le comprends,
j'y suis pourtant tellement ancré.
Nous sommes rendus tous si semblables.
Les capitales sont toutes les mêmes devenus,
uniformisées, jalousant de leurs particularismes culturels
comme de beaux vernis craquelées laissant pointer par endroits la matrice universelle.
L'Homme, espèce si futile vouée au déchirement,
sans équilibre ni constance, capable du meilleur mais souvent du pire,
si fascinant et absurde à la fois.
Un humain si banal s'estimant si précieux,
à toujours vouloir être unique et merveilleux, au détriment des autres.
Je suis perdu dans ce monde humain.
Peut-être alors y a t'il l'Amour. L'amour salvateur qui balaye tout sur son passage.
Cet ultime égoïsme de nos cœurs pour supporter l'existence et faire sens.
Peu d'entre nous savent comment aimer sans posséder ni détruire.
Je passe ma vie à le chercher,
à parfois le trouver pour mieux le perdre.
Je ne suis pas mieux que les autres.
Je suis l'éternelle insatisfaction.
Vivre intensément, fuir le quotidien,
palier l'ennui moderne par tous les moyens,
se brûler les ailes pour ne rien regretter.
Comme Icare soi-disant héros,
toujours plus loin, toujours plus haut.