Pourquoi «On» écrit ?
On écrit parce qu'on a
Du monde dans la tête,
Un petit théâtre ou un petit vélo
Qui fait le tour du monde,
Il est rare que les gens
Sans histoire se mettent à écrire,
Puis des fois on se prend pour Dieu
Et on invente un monde à soi
Avec ses rois, ses anges, ses démons
Et plein d'histoires terribles
Qui se passent dans des Mondes…
Et en général, ça passe avec l'âge
Alors on se fait lire, pour savoir
Par sa famille, puis ses amis,
Puis quand on voit, que ça plait,
On regarde plus loin, chez les éditeurs
Ceux-là qui n'ont rien à foutre
De nos histoires trop banales
Mais on continue d'écrire…
C'est comme une drogue d'être lu
Et on continue de faire ses poèmes
Jusqu'à ce qu'on désespère
De n'être pas lu et connu
Par d'autres personnes que ses amis,
Alors on se met sur le net
Et là on regarde les forums de poésie,
On écrit, on est reconnu
Mais pas par votre nom et prénom…
Alors on cherche encore un éditeur
Mais les éditeurs vous répondent toujours,
De commencer par être connus…
Alors on se met à faire son blog
Où l'on a quelques lecteurs
Qui vous disent: j'aime bien ce que tu fais,
On a un grand sourire et une bonne montée
D'endorphine de ce plaisir
Mais on n'est toujours pas connu…
Alors on cherche encore
Mais c'est aussi sans fin,
Puis on change de style,
Les amis ne vous reconnaissent plus
Mais d'autres se mettent à vous aimer…
Et ça, ça dure toute une vie,
Et les amis fidèles vous disent
Qu'ils essayeront encore
De vous faire connaître,
Les amis font des associations
Pour aider le génie inconnu,
Puis ils se lassent de vos écrits
Et tout le soufflé retombe…
Jusqu'au jour ou un éditeur
Vous dis qu'il aime votre travail,
Mais vous êtes mort
Et vos droits d'auteur
Lui tombent direct dans la poche…
Moralité ! Tu ne sauras jamais
Ce que la postérité de ton vivant
Et post-mortem te réservent…
A savoir que Rimbaud il a fait
De l'édition à compte d'auteur
Et n'a été connu que grâce à André Breton
Dans les années trente et le surréalisme
Le surréalisme aimait certains Poètes
Tandis que d'autres étaient bannis
Oui ! Ça rend modeste de le savoir
Sans être de jeunes Rimbaud
Mais vous qu'aimez vous Donc ?
Et y croyez-vous à vos poèmes ?
Je ne sais pas ce que sera demain
Il y a des Myriades de poètes
Et il n'y en a peu qui sont connus
Demain n'appartient à personne
Bruno Quinchez Paris 16 mai 2005 et le 12 octobre 2019