L'accompagnement
#1
Posté 08 décembre 2019 - 10:54
Au lever du soleil, sobrement je m'assieds ;
Je dévore ces âmes éclairant les ombrelles
Des passants attirés par la bise et glacés.
Par ici les douces vagues bercent les oies,
Viennent frotter les pierres, et jusqu'à l'horizon
On sent les effluves salines, la Savoie
Se tordre en une dépaysante vision.
Aux sommets de ces tours à la blancheur rosée
C'est le soleil qui de ses yeux vient lécher l'air ;
Et la Madone par ce géant apeurée
Fait disparaître ses voiles en puissants éclairs.
Et puis tout s'accélère ; et les vents, les amantes
Sortent de leurs tanières ; et les oiseaux, les sieurs
Affichent leurs manières ; un concert qui se fleure
Prend vie et la vie se réveille de l'attent.
Mais à ces doux tableaux mon âme affriolante
N'éprouve rien de plus qu'un égard effacé ;
Je n'admire plus ce qui ne fût pas dans l'ante
De l'histoire cosmique en ce coeur adoré.
De château en château mes visions se dispersent
Sans trouver un quelconque hameçon au levant
Sur lequel arracher ce poison qui déverse.
Et je dis : " Seul loin de moi mon bonheur s'étend".
Que me font ces prairies, ces bassins, ces rivières,
Tristes paysages, leur magie ne vient plus ;
Forêts, rochers, même ma solitude chère
Se perd dans mon passé si tristement reclus.e !
Que le tour du soleil s'abrège en platitude !
Je l'ai vu bien assez tournoyer comme un fou
À l'entour de mon crâne occupé à l'étude
Des étoiles du ciel, l'oeil aveugle et sans goût.
Et qu'il me montre les plus beaux morceaux de Terre
Mon regard n'y verrait que des lambeaux d'Hiver :
Je ne désire rien de tout ce qu'Il éclaire ;
Je ne demande rien à l'immense Univers.
Mais plus profondément, où soleil ne pénètre,
Où les secrets sont tus et les mots étranglés,
En l'abîme du monde et au creu de chaque être
Je jouirai du décor, à jamais recentré.
Là, je m'enivrerai de la source à inspires,
Là je retrouverai et la grâce et l'amour ;
Empli de connaissance et à présent satyre,
Je trouverai le pain qui sert au troubadour.
Ces âges insupportables attirent les nuages
Me rendent fou comme un souvenir petrichor ;
Et l'Aurore, si longue à attendre, j'abhorre
Ses bêtises lyriques en satire d'esraj.
Quand le pollen s'en va dans les bras de l'abeille
Il poussera une grande fleur en cadeau ;
Laissez-moi comme lui m'en aller, je sommeille
Que je croisse, mature et les pieds dans l'eau !
- M. de Saint-Michel, Leclère michel et PaulMUR aiment ceci
#2
Posté 09 décembre 2019 - 08:02
Philippe
#3
Posté 09 décembre 2019 - 12:27
#4
Posté 09 décembre 2019 - 01:41
Des envolées lamartiniennes!...
On apprend toujours des meilleurs...
- M. de Saint-Michel aime ceci
#5
Posté 09 décembre 2019 - 05:35
"Ces âges insupportables attirent les nuages" 14 pieds
Puis-je suggérer de tout passer au singulier pour retomber sur nos 12 pieds.
Quelques autres vers avec des pluriels à l'hémistiche font boiter les alexandrins.
Je sais de quoi je parle parceque cela m'arrive souvent.
Amicalement. Philippe
- gab aime ceci
#6
Posté 09 décembre 2019 - 06:58
Le bonheur est dans le pré. Et dans ce pré, il n'y a que les souvenirs qui nous reviennent. Pour 'autres, il y a l'herbe. Mais qu'importe.
#7
Posté 09 décembre 2019 - 08:21
(D'ailleurs ça ne ferait pas 13 pieds? J'aurais envie de dire : Ces âgeuS insupportabl attirent les nuages, la liaison uniquement sur le premier, et donc de faire entendre seulement le premier e muet)
#8
Posté 09 décembre 2019 - 08:30
En fait je taquinais un peu M.de saint Michel et sa référence à Lamartine.
Amicalement
- M. de Saint-Michel aime ceci
#9
Posté 09 décembre 2019 - 08:49
Et tu as une idée pour le 13 ou 14 pieds ? Ca m'intrigue
#10
Posté 10 décembre 2019 - 07:50
Quatrième quatrain, vers deux et trois, treize pieds toujours pour la même raison.
Je vois que tu les a soulignés avec des points virgules,
Attention, si le point virgule empêche la liaison, le vers 1 fait 13 pieds!
Il faut décidément savoir, sur quel pied danser.
CDT. Philippe.
#11
Posté 10 décembre 2019 - 08:24
#12
Posté 10 décembre 2019 - 02:20
Amicalement. Philipe