J'ai un chant qui trottine dans mon cerveau malade,
Une poésie triste à courber les moulins
Vers l'eau qui se démène poursuivant sa ballade,
Rêvant d'atteindre enfin les horizons lointains.
J'ai une symphonie qui se joue dans ma tête,
Violes et tambourins martelant sans arrêt
Des notes sans issue jouant comme une quête
Des mélodies sans fin au tempo jamais prêt.
J'ai une toile vierge qui voudrait se remplir
D'éclats multicolores pour tout illuminer
Mais qui sans la lumière ne cesse de vieillir
Dans un brouillard épais aux couleurs surannées.
J'ai une page page blanche qui voudrait que les mots
Qu'on écrirait dessus soient comme des images,
Phrasant le monde humain risibles et bien sots,
Mourant comme la houle blanche sur la plage.
J'ai une phrase en moi qui voudrait se chanter
Dans une symphonie de mots éparpillés,
Douce et dure comme un vin qu'on vient de décanter,
Donnant à notre vie des rêves émerveillés.
J'ai un mot qui me suit comme une destinée,
Me poussant, m'arrêtant, de nuit comme de jour,
Me faisant voir en rêve cette promesse née
De l'espoir que demain je vivrai cet amour.