Noli me timere
Que me dis-tu mon cœur ? Je te devine à peine.
Tu as peur, on dirait que tu es dans l'arène
Achevant ton destin fatal, sacrificiel.
On laisse la raison, pour le confort, au ciel,
Qui en est inondé. Crois-moi, dans la bataille
On l'utilise moins que l'or ou la ferraille.
Est-ce moi qui t'inquiète en hésitant toujours ?
Je fais l'effort pourtant, à chaque carrefour,
De ne pas éprouver les feux de la jeunesse
Et de ne pas sombrer non plus dans la tristesse...
Est-ce un renoncement ? Te sens-tu donc si vieux ?
Tu abuses, mon cœur : regarde un peu mes yeux,
Ils sont plus fatigués que de cent tours du monde
Alors que je suis là, dans ta veille profonde,
Immobile passante à la gare de nuit,
Où nul train ne s'arrête, et toi, toi, tu t'enfuis.
Lignes brisées ©M.KISSINE – ISBN 9782919390175 – DLE 2015