Le Fouet...
Sous le fouet, mon cœur renâcle, se cambre et en moi il rechigne
Il me vient parfois un dégoût, dans des mots où l’on me désigne
Je ne suis pas une marchandise, je ne bande pas sur commande
Il y a dans ce mot même un problème, entre cette offrande et la demande
Dans un monde où toutes idées, sur l’unité de l’homme et sa femme
Sont des idées statistiques sur les ressources et les désirs mêmes
Je sais des imprévisibles, qui me réjouiront et qui me combleront bien plus
Il est des conquêtes et des amours, qui sont ceux de petits désirs entrevus
Je ne sais des entremetteurs, je sais des directeurs de ressources humaines
Dans une carrière où l’imprévu n’existe pas, c’est ainsi une ligne toute certaine
Ma vie qui est, prévue, c’est que j’aurais plusieurs emplois et plusieurs épouses,
Mais je ne vis pas sans désir, sans idéaux, et sur ces vies toutes jalouses
J’imagine vivre dans un monde où tous les mots pèsent très lourds
La dame de mes pensées, est-elle cette chose promise ? Suis-je balourd ?
L’idée de couple, c’est aussi une histoire de confiance et de ses trahisons
Je sais des hommes, je sais des femmes qui sont restés sans horizons
Tous les jours de leurs vies, ils se cherchent, ils se sentent, ils se tuent
Par des regards et des presque-riens d’une vie où à deux, ils cohabitent
Et ils se permettent des mots très violents, d’une pure haine redoutable
Où d’un presque-rien-du-tout, ils font une chose effroyable et durable
Avec le fouet subtil des mots cruels et terribles, qu’ils emploient
Ils se fustigent dans des douleurs, et par tous leurs plaisirs donnés
D’un rien du tout où ils se refont, ils se savent ainsi à jamais abandonnés
Leurs amours sont morts et ils implorent les cieux qui les foudroient
Ils ont eu vingt ans il y a longtemps dans un passé qu’ils oublient déjà
Tous à leurs compétitions, leurs carrières ou presque rien tout dans cela
Cela ? C’est un dieu qui se tait, sans vrais pouvoir, ni un univers à construire
Alors pour eux, il n’y que le temps à passer et des désirs, du sexe ou de luire
Comme des conquistadors, ils pillent, ils massacrent et souvent ils s’entre tuent
Pour un rien du tout qu’ils dominent, par l’or, le pouvoir et ils s’habituent
À se croire des élus, par cette confiance aveugle, de se sentir être supérieur
Ainsi ils conquièrent les Indes, l’Amérique, l’Afrique et même l’Asie sans frayeur
Puis en vieillissant avec les âges, arrivèrent des questions, bien plus essentielles
Pourquoi cette hargne ? Cette volonté et de ces conquêtes si démentielles ?
L’empire se résumait ainsi en peu de mot, ce désir de propager tout leurs idéaux
Ou de chercher de l’or, ou de partir sous des ciels lointains, dans des paradis tropicaux
Le temps qui passe, il est cruel et toutes ces choses qui disparurent, la fuite
Le paradis lointain, ce n’est plus un rêve, mais une question d’argent et de suite
Le jour que je connais, il n’est jamais qu’une négociation, entre moi et mes créanciers
Je sais des soleils, et des fleurs dans les paysages de mon cœur, et des nuanciers
Il me vient souvent l’idée du fouet, comme il me vient, l’idée d’un bon sourire
Peut-être réagirais-je mieux aux sourires, qu’aux coups de fouets, ce n’est pas pire
Que ce monde de sadomasochistes, où les stimulis viennent d’un jouir de fou
J’attends ainsi quelques fois, de savoir s’il y a quelqu’une que j’aime beaucoup
Bruno Quinchez Paris le 18 février 2015