Comme un enfant avide des splendeurs de l'orient
J'ai voulu franchir les murs de ma demeure,
Frontières palpables d'un monde étriqué
Interdisant les passerelles vers l'ailleurs,
Et j'ai lu ton grimoire, ce laissez-passer
Vers un univers que j'appelais de mes prières,
Pour aborder les merveilleuses cités princières
J'ai voulu être le mousse de ton fabuleux voyage,
déployer le grand foc avec tout ton équipage,
Bâtissant des chimères enfantées par mes peurs,
Touchant du doigt les ultimes interdits, cachés
Dans les tempêtes soufflées par des esprits railleurs,
Neptune sur ma route les sirènes a placées,
Que bercé par leurs chants enfin je m'évade,
Que mon âme reçoive du Graal enfin retrouvé
L'ultime onction, que mon corps au lointain porté
Par ces fleuves impassibles soit de mon âme
Le vaisseau blafard des espérances défuntes,
Et devienne au fil des flots l'ultime sésame
Vers une contrée magique autant espérée que crainte.