De loin je vous embrasse. Ne croyez surtout pas
Que mes lèvres oublient votre peau accueillante
Mais ce confinement qui rend les cœurs si las
Rend votre image en moi comme source apaisante
On attend, ruminant, que sonne l’hallali
De ce triste virus qui nous prend une part
De moment devenus importants dans nos vies
Que nous gardons en nous, vivants, comme un rempart
De gestes habituels, nous ressentons l'absence
On se disait bonjour, bisous, comment tu vas
Ces rites de contact, naïfs en apparence
En quelques jours à peine ils nous manquent déjà
Les terrasses où ensemble nous refaisions le monde
Après quatre tournées pour mettre en appétit
Ces petits restaurants où notre faim succombe
Ce sont ces doux instants qui me manquent aujourd'hui
On pourra nous promettre la lune ou Jupiter
Des galaxies exquises offertes au firmament
Je sais qu'il manquera ces moments délétères
Un trou noir dans ma vie absent de sentiments
Que revienne l'été où nous pourrons ensemble
S'embrasser, se toucher, ces gestes de tendresse
Qui font que notre vie si pauvre nous enchante
Que nous accepterons en moments de paresse
Il est hors de question de finir animal
Enfermés jours et nuits sans plus se rencontrer
On peut nous expliquer qu'il nous serait fatal
De sortir, prendre l'air, et de nous aérer
Je peux faire des efforts s'il faut atteindre un but
Si pour sauver la vie et c'est ma liberté
Je paierai mon dû, porterai mon tribu
Mais si je vois certains enclins à déserter
En profitant de nous pour prendre le pouvoir
Qu'ils sachent que de doux, je peux, je vous l'affirme
Faire de votre futur un terrible brouillard
Vous pourrez ravaler vos rêves de fascisme
Faites comme il vous plaît mais sachez le pourtant
Que votre vie vie aisée pourrait se terminer
Vous pouvez me tuer, ce n'est pas important
Nous sommes très nombreux dans la fraternité
Car notre vie à nous ne peut pas se compter
En débit ou crédit ou en pouvoir d'achat
Nous cherchons des moments d'amour à volonté
Habillés en smoking ou bien en pyjama
Nous voulons qu'à la fin nous ayons plein de rêves
Pour traverser le Styx avec une allégresse
Sachant qu'à l'autre bord notre rêve s'achève
Que nous quittions la vie le cœur plein de tendresse