(Note : Raphaëlle était une jeune cancéreuse qui s'en est allée un peu avant Bizheng au cours de l'automne 2019... Presque chaque jour elle peignait une aquarelle : elle transformait ce qu'elle voyait par la fenêtre de sa chambre en un tableau surréaliste. Certains d'entre eux inspirèrent un texte à Bizheng (voir notamment "Par les yeux d'hôpital" 07/09/2017 dans le blog de Loup-de-lune) qui avait dit un jour à Raphaëlle : "Tu finiras par créer ton rouge à toi, oui, le rouge Raphaëlle comme il existe le rose Tiepolo, autour duquel se réinventera ton corps, et duquel rayonneront les ardentes artères de tes lendemains..." et elles s'embrassèrent !... Oh ciel ! l'impression qu'encore aujourd'hui produit en moi la force de l'étreinte qui unit alors ces deux êtres si fragiles... si évanescents !.... Vous savez, l'une de ces tendresses fusionnelles par-delà les chairs labiles et cacochymes... l'une de ces transfiguratrices affections dont nous ne pouvons douter qu'elles aient un prolongement au-delà de cette vie corporelle et temporelle...)
Raphaëlle peignait son printemps
cette piaillerie
se sera emparée de l'après-midi
et l'aura retenue
Or un sabot
égal
transparaît
- cavalier
en ton prodige serein
tu sais une traversée
par laquelle tu ne t'éloignes
ni ne t'approches -
le meurtre
du méditatif losange
borne l'aquarelle
Afin que se désanéantisse la rencontre
le regard pers
favorise une arborescence
dans la furieuse effluence d'andrinople
Loup-de-lune
LIU Bizheng