(Note : La plupart des dictionnaires indiquent que le mot "déréliction" appartient d'abord au vocabulaire religieux au sens de: "état d'une personne qui se sent abandonnée", et donc même par la divinité en laquelle elle a pourtant mis toute sa confiance ! Loup-de-lune essayait dans certains de ses textes de délivrer de tels mots de leur pesante connotation ; elle avait gardé à l'esprit la mésaventure de son amie Linfabrice qui un jour, sur ce même forum d'écriture, avait publié un poème dans lequel elle utilisait le mot "vêpre" comme un très laïc et, précisément, poétique équivalent de "soir"... Cependant un énergumène lui avait aussi péremptoirement que paresseusement répondu: "Les vêpres, c'est pour Dieu !" Nous connaissons et nous respectons "les vêpres chrétiennes" mais nous ne croyons pas qu'un mot de la langue française, quel qu'il soit, puisse être ainsi séquestré ! Dans le poème qui va suivre, le mot "sang" porte une majuscule, et ce n'est pas parce qu'il apparaît au début du texte : une grande partie des poèmes de Loup-de-lune ne commencent pas par une majuscule ! Le Sang est ici comme le Dieu... La jeune leucémique se sent soudain inexorablement abandonnée du Sang lui-même... Déréliction de rouge vital, de rouge précieux... Déréliction de rubis... jusqu'aux "blancs aubiers qui jalonnent les vertiges" !...)
La déréliction de rubis
Sang fissile
ses lamellivagances
les fétus tourbillonnent
la feinte rapatrie ses ors
l'effarouchement
sera blanchi par le vol
il reste au corps
ce mouvement
qui suranne les directions
et va
espaçant les aubiers désunis
Loup-de-lune
LIU Bizheng