Le mort reconnaissant
Le vieux squelette blanc, là avec tous ces mots usés,
Il nous parlait avec envie de cette chair bien vivante,
Et lui! De sa voix d'outre tombe, il se souvenait d'autrefois,
De l'âge heureux d'antan, où il croquait sa vie à pleines dents,
Et ce pâle fantôme, blanc et triste, je le vis sourire doucement,
Devant cet enfant moqueur et sans peur qui le regardait,
Sans doute l'ancêtre, se souvenait-il des ces temps heureux?
Où il parlait et bavardait avec des poètes, un peu songeur,
Un rayon de soleil, venu de je ne sais où, les éclairait tous deux,
Et l'on ne voyait alors qu'un grand père barbu et un enfant,
Le miracle simple de la bienveillance avait fait son œuvre,
Cet enfant qui n'avait pas de peur et qui babillait en riant,
Le matin arrivait, la promesse espérée de la douce lumière,
Ce mort? Il n'était plus un absent mais un être bien vivant,
Entre la réalité et les rêves dans un temps vraiment fabuleux,
Où les morts venaient manger à la table des vivants, sans question,
Ils étaient bien là, et bien visibles, pour les enfants et les cœurs simples,
Ceux pour qui c'est facile, il admettait cette incroyable tendresse,
Entre un très vieux monsieur et ce très jeune enfant encore confiant,
Pour certains la résurrection attendue, elle restait une histoire de cadavre,
Je voyais des fous, dans des cimetières, avec des rites étranges,
Où le sang donné, c'était la monnaie reçue, pour une magie funèbre,
Alors que quelques enfants candides, cela tous les jours de leurs vies,
Ils parlaient à des ancêtres sages et doux, dans des conciliabules secrets…
Bruno Quinchez Paris le 14 octobre 2014...
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