certains soirs,
quand nos années d'autrefois
ressurgissent d'un passé enfoui,
je rêve à ces princes Mayas
de l'ancien royaume de Tulúm,
jeunes et enthousiastes
lançant leur boule sphérique
vers l'anneau de pierre
enchâssé droit dans le mur
haut et lisse
de leur temple à ciel ouvert,
tout comme la boule de feu
du soleil, leur dieu ancestral
inscrit sa course diurne
dans le cercle parfait, unique,
intangible de la voûte céleste,
avant de sombrer, le soir,
dans le monde d'en-dessous
alors, le peuple maya tout entier
est dans la crainte qu'un matin,
l'astre du jour ne reparaîtra pas,
les vouant tous, esclave ou roi,
à une mort certaine
aussi, dans le jeu sacré
de la balle et de l'anneau de pierre,
pour conjurer ce sort funeste,
le vaincu aura la tête coupée
et elle sera envoyée dans les airs
à son tour, dans un nuage de sang,
mimant la trajectoire de l'astre-roi,
pour accompagner et animer
le soleil dans sa course renouvelée
et ainsi en sera-t'il,
grâce aux sacrifices humains
et s'ils sont agréables au dieu,
jusqu'à la fin des temps