Ils vécurent heureux et eurent
Un enfant sans mère
Car la grâce
Ne l’a pas touché
C’est le piano qui faisait semblant
Qui broyaient des noires et des blanches
Des petites et des maigres, des grosses
Elles ne passaient pas ne l’ont pas touché
Elles ne sont pas des mères
C’est fameux quand il cria
Pour la première fois
Pas de voix pas de lumière
Juste un enfant solitaire et sombre
Sans chemin à découvrir
Sans mère
Il se leva
Il partit en un exode triste et sans but
Partit de la montagne
Ne fit que descendre
Là où la gravitation universelle le guidait
Quand il descendait il ne pensait plus
À où il mettait les pieds
Il se leva
Il marcha et brûla comme un buisson
Non, comme un mûrier sauvage
Brûla des flammes rêches et dures de la vie
Qu’il consumât si vite
Que de mère il ne pût trouver
Et il chuchota comme en une dernière prière :
« Parfois je me sens comme un enfant sans mère. »