Nous rappelons ce qu'a déjà souligné En hoir de Loup-de-lune dans le cours de sa saison : pour son auteure le poème 'Chambre imagière I' a véritablement commencé à exister, à être exprimé, à l'instant où elle a entendu la voix de Silver le lisant dans l'enregistrement que cette dernière lui a offert.
Une autre personne active depuis plusieurs années au coeur de ce forum a quant à elle ressenti ou même vu un 'grimoire' dans les mariages de vocables pour le moins magiciens il est vrai consacrés aux chambres imagières. Nous accueillons très favorablement ce mot et la poésie qu'il intitule :
Un grimoire
pour Loup-de-lune
Vos mots sont un grimoire,
où déchiffrer la vie,
les matins et les soirs,
les étoiles des nuits,
où déchiffrer la vie,
lorsque l'image est reine,
les étoiles des nuits
de nos coeurs les arènes,
lorsque l'image est reine,
les fastes de l'espoir,
de nos coeurs les arènes,
vos mots sont un grimoire.
Michel Conrad
Parce qu'ici la leucémie prête assurément la nitescence de ses yeux de voyante, nous voulons dédier ce florilège...
Au personnel médical de l'Hôpital Cantonal de Fribourg en Suisse
Merci pour cette parure de perles et d'impossibles que vous aurez accomplie
(FG / BeV)
*
Chambre imagière I
Sourd le crucimurmure du quatuor
pour traduire en carreaux le foret de l'angle
mais recueillir a devancé l'évidence
et dans les celeuses enfants trempe ses sépultures
la moire à métaphores éconduit l'album des profonds
tant qu'hébète le poudreux armillaire qu'infranchit l'acajou
Un ciel-éventail s'est originé dans la cache du chrysogriffe
l'heur pérenne des angoreux tamis
unicolore vagues et grand-voile
quel reflet du si rompant cadre laissé au miroir
ou de la délébile silhouette filigranant ce qui s'étarque
à travers le mur de mondes nués de gondolages glissera ?
Aboli ce transparaître l'émoi des plis roule des serpentes
adolescence des voilages défoliant
sauts comme essors s'éploient
nettes coupes de brassées hémi-moqueuses de la chute
et l'échappée tératophane nimbe ses frondaisons
des palinodies d'un ponant brésiclair
D'un carré de poli l'abat-jour intimé chapiteau
belluaires des réfléchissements magmatiques
amphiboles se meuvent les angles
de leurs suppliques pour le losange en vêpre
de leurs soupirs après le quadrige de dards
à l'ingénu pictostellaire les ramène le chevet
Chambre imagière II
Malice des fétus un minute-or ossuaire s'est esquissé
au bord des ares de consomption
en féale retourneresse se pose sa linoïde feuille
sur grève et voile qu'empoudre le nielleur du réel
mais l'équiangle axiome va glissant
dans les ravines de ses réfléchissements
En ce dessaisir de l'immeuble effeuillement
les poignées du vitrage se résolvent
transparaître leucosouffle dans les arborescences
ses rapides de copeaux ont converti toute une armoire
et les ombres épannelées des voilages
s'apparient avec la félibrée du rosorange
Ce filigrane du visage que vont désensorcelant
les lustrales d'une eau qui s'émancipe
sa confusion d'albuginée et de galactique audace
par l'impensable chiquenaude s'évanouit la perle d'hématie
à même le diaphane aliforme du savon
un cheveu délinéamente la veinure des loufoques ophidies
Survivent à l'équerre les partageants reflets du miroir
pendant que l'éploiement d'or excharne la créature
de tout son ambre clair d'hyaline vêprée
le thé va l'angle exauceur évaporant
cacochyme aquarelle de la tasse une lune
aumône de son ahanant actinoir les éraflures d'acajou
Chambre imagière III
Venue mueuse au monotone rompeur du parquet fauve
la tissure enlosange des losanges
et clepsémie flagramment magnifique
elle a de tout le pourpre irrigué la théorie
qui troque le drame contre la phantasmenceinte des festons
comme le quadrangle mince épanche en dais sa transparence
Ont cédé les platées de la quadrifaïence
pour fins de pasteller des vanesses
les asthénies confluant vers l'alme éploiement
l'érythrogone lacune le casier
ravissent sur une tourelle les sachons
qui forjettent colorieurs la pulvérulence des vols
Fissiles carreaux à leur escamoteur propices
et l'impéritie pour lors des veines préhensiles
mais aux confins enfeuillis du flexueux un rameau
étoile de sa fleur le secret d'ouvrir
et derrière la candide poignée qu'effleure le rose
les âcres cueillaisons ont aveuglé dehors
En compromission de thalamèdre le miroir
que la sparterie proclame de ses ajours
déconfits corollaires dans les arcescences du jaillir
la dérose-thé de ses sondes déleurre de la cloison
en gibiers de soupirs il dilacère
en proies buées l'ortolan de l'image
Chambre imagière IV
Le ciel des limites murmure au gris une arantèle marine
en torchères des cimes amurent les étonnements de noir
le blanc amoncèle les foudres pubescentes et le givre des décalés
par tous ses haillons envergués un navire invente le milieu
et cependant que nimbe sa précision un ouvrageant clair d'écueil
ensemble l'île et l'absence allument le mauve qu'échappe l'angle
Foudre de fruits l'irienne divertie s'en flagelle
d'ainsi frapper les orangés s'annulent en faveur de l'aliène faim
trois s'honore du si frais opérande
et déjà ses pointes où bifurque l'alme chrysocale
conglutinent basiorragiques la fuite du reflet
mais pour quelle épiphanie tel inverse de coupes dédiées aux lumières ?
Et sur l'angle enchérit déclos un incunable
virescent tout le onzain de ce qui mire et princière
démurant en regard la traduction pour l'impalpable
au-dessus du minéral trois fois simulacre l'abat-jour
le devancement de ses défailles en une intonation réunit
aussi par l'onde lue le temps amnésie son minuit
À même le désir de s'éteindre qui démaussade les nuances
ce tremblé quadrilatéral des craies geôlières
dans le temps où le bleu diaphanisé
éploie comme une île diptère exaltant l'eau en disque
l'émancipation d'une gerbe de voilage émeut
et fleure du rouge agrippeur de wagons vites
*
Caravane idolagète
Les arcures que beige le dévêtissement
avec leurs mues ombreuses mécitées par l'outrance
amarrent à la cloison le triplement du losange
quand sur le cyanothéâtre qu'épiphanent les rideaux
les envers d'une foudre bourrasquent
pour partir de millifusain la litanie des pictogrammes
L'orangée munificence et la rhodofoliace de son scrupule
avaient décidé de la charade où s'exondât le verre
aux déchirures se lient d'un bondir de dauphins
les héliomimes de la méiose encieleresse
une ptéroseptique nielle à même la chanson dentellière
moie l'épousement de la vague par la stalagmite
Dérênés dans le diaphane galactochrome
vont coulant les palindromes des coquillages
ataraxiques dérobades du décharme d'ouvrir
sous une rafale tigroïde la nostolyse costume l'abysse
or déjà consument le rugir d'obliques fuligines et retrébuche
sur les coffres qu'épave un flibustier en aube le sémantème
Les badines de braise assignent le quatre-marbres à l'océance de leurs mirances
nonobstant la fleur a véliné la tasse du délilas de son départ
et volute aux fronts mélanméditatifs des élancés le dédain du fanage
le bambou mime sa flûte écarquillée pour enclore un miroir
passant leur sablon muséal les nouements des mariniers artistes
ombrent d'un rêve de lasso la bienvenue qu'effondre une bouée
*
Briquets
Consumée l'impasse du navire irruptif
par le métier de flammer sur le noir mis mat par le cercle
de son irrépressible escape la cire souffle
des lueurs à l'ève rosale des moussaillonnes dialypétales
et la cueillie où surplombent les plus incarnates coupes
déjà tressaille de la partance que lui veut le débord des fruits
Chaque carreau confie son décijour à l'améthyste menuisée
où désormais la table a dardé les angles des appétitions surannées
le parsemis de la pierre angelicielle recompose un faraud
pour l'ovoïde d'un dansable fondant
avec la transpassante liqueur des astérisques du lilas
la noyade en xanthies du volutant photopleure se confond
Espéreuses d'apoastres après la sinécure du collier
deux perles germinent le cristallomauve de leur désengrènement
circumvaillantes de la mincie qui verre la soucoupe écaillée
sous la flagrance biaise du blanc la cursive déguerpit ses rubriques
alors de la lampe les arcescentes jaillies longues
peuvent brecher tout ce qui plafonnait encore
Ce gracile fût pour compendium d'une galerie
qui eût mené le candidat à l'avivoir pérenne
la surprise du poudrier déclos ministre sa joaillerie
à la paucité de l'onagre et à la minute lavandée de la fiole
des papillons la brillance calligraphe ou griffeuse de violacer
enchérit sur une galopescence dont le bronze s'encorbeille
*
Phanies
dans la fixe houle des voilages lactés
un coquillage pulvérise l'éclat
et le liseré d'un pas égal
y fait inextinguiblement balancer son sabot
entre le principe et l'intervalle
entre le clair et la coda
des cercles trissaient les mesures sur la cloison
jusqu'à ce que se lègue en arcelles en grenailles la minime lampe
mordoré ruiniste du cadran constrictif
y fuguent températures et barographies
agendas et calendes suintent
parmi l'imminence des néométéores
oubliance glacée sous le nocturne de la pluie
une vanille de noyée désaccoutume la bougie
et parmi les bourrasques qui déconstellent
une trajectoire a réuni toutes les danses de la flamme
en cette alcôve outre-stagnance
où s'est osé nénuphar un ferment d'empyrée
d'obit en obit l'angle s'est affûté à la sombreur
et va taillant la trouvaille de l'entrebâillure
mais à conquérir ainsi le primicier des couleurs
il ne peut se départir d'une extase de clown
ce regard en quintessence du témoignage
pérenne proie d'une arantèle qui densément pétille
*
Dauphins
Des coffres roulent leurs monceaux oubliés des mirances
des portulans s'exhalent de l'ingénuité des fouilles
pour se dérouter dans les limbes virides
résolument emportés sur les dos fugaces
les matelots se surprennent à s'insurger contre l'épave
et bondir déjà les rhabille de lune et de météore
Preste contempleur du hublot où tressaillait
dans l'éploiement du taffetas immaculé
un entrelacs de dauphinelles et de roses cent-feuilles
toute cueillaison confinée à la couronne
le bouleverseur persuada qu'ils s'évaderaient de la lame
la jeune éponyme de l'atoll
Virtuose la vie astreinte à l'inique saut
s'embarque dans la lyre qui appelle
et parmi les vagues au charmeur reprenant l'harmonie
par degré s'argyre s'appassionne la présence
puis au-dessus des ports temporels son liseré d'étoiles
réunit musique et rescousse en une nage de ciel
Avec les linéaments de la métamorphose parut leur cortège
et multipliant depuis le tracé du disparaisseur
leur capricance ils apprirent à jaillir à l'orange et au rose
les cherchures se divaguèrent pour ruisseler sur leurs arcelets
et dans l'ardeur à éprouver la nuit des conquérants sombrés
c'est concordamment qu'ils plongèrent avec l'incandescence congénère
*
Chambre liquide
Enfin sourcée par la nue vaporeuse la lumière flue
le carmin des voilages infuse
haute la rose s'y baigne et s'y retrempe
émancipée du vase des funèbres versées
et la pâmoison qui va l'arquant
par-dessus ton portrait
si marine déjà malgré l'écrin talismanique
malgré la porcelaine les reliures
voués à tant d'étincelles
sémaphores des liens brisés
sur l'inenvisageable littoral
*
Le monde de verre
un grand arbre
où par intermittence
vient tressaillir le bleu d'hébétude
le planétoïde polychrome du jeu sans orbite
qu'escamote soudain
l'oeil étonné de la vieille tour
les mille enfants de moire
interdits ou déliés
dans la bourrasque des alertes maternantes
les envols de vies noires
vers les nuages
qui vont transmuant caravelles et lassitudes
l'impassible liseuse
dont s'exhale pourtant
l'alphabet pollinique des communions
si lisse
leur enveloppe de vitre
sous la paume opiniâtre
et le profond de la pupille
sous l'utopie de pénétrer
qui a la saillie de la joue
fenêtre
les ingrédients du ponant
composent les nettetés de tes croix
lévitant cimetière
pour carreler l'imagerie qu'on dépouille
l'instant lugubre
y dépose comme brume
la buée leucémique
sur laquelle la pulpe du doigt qui s'efface
ne sait plus graver
*
Par les yeux d'hôpital
ouverte
la fenêtre
méconnu
le geste
raturé de rayons
qui l'autorisa
un voilage
embrume la poignée
la provision quadrillée
repaît le vaporeux
les plis convoient
plus essentiellement que les veines
cloche et pouls
en alternance
jusqu'à la confusion
du battant aortique
un estompement de bestiaire au fusain dubitatif
s'émancipe de l'arbre
des survenues de lumière
espacent la promiscuité d'argent et d'ardoise
quand donc devint caduc
le colifichet des corolles
dont s'effeuillaient les aurores ?
Étoile injonctive
éclatant débord
lave de platine
où migrent les horizons
pour le frai des candeurs
et les vieilles substances et matières
cèdent à leurs ombres qui frissonnent
ondoyantes et diaphanes
*
Insomnieux kaléidoscope de la jeune malade
orange et lilas
stupeur de la rotation
un soleil a scindé
son sang de galaxie
deux abat-jour
orphées des angles
ombre et lumière
envisagent des trigones
pour la lyse des bases
symétriques jachères
des épanchements
le point secret
où se fondent les aigus de leurs sommets
pollen de voyelles infirmières
sur l'aile anémone du sursis
dans le mauve plissé de la couverture
s'ensable le florilège dédoré
son signet rouge et flexueux
comme brisures d'agrippement
et toute lame toute entaille
toute veine évidente et sud
remises à l'entrebâil des rideaux
métamorphique minceur
d'un compendium de silence
cet instant mande à la relayeuse
une lave ocre et prairiale
idéale ténuité
d'oiselles musicales
lamelleuse légende
des masses de jadis
seul le larynx d'Homme
buvant à son incunable
interstice andante
de pluie pénombrée
minuit dodécaphonique
fabulé de ruisselances
dans le sang brillé
d'os alunis
et d'arythmie pellucide
se retrempe l'uchronie des incandescences
*
Thalassophile
abondamment l'heure
pleut sur la lucarne perplexe
d'une exponentielle fable de mer
le poisson va
espaçant un fauve bois qui le feint
et par-dessous l'oscillation d'imminence
le socle passe l'évident de poussière
dans les entrailles de sa couleur
le verre féal
évince de la satiété
son coupon d'eau
or par l'alternance
qui chérit l'erre nébuleuse des tranquilles
l'embellie imbibe la chambre
et se cristallisent les tissures de nage
cependant que toute la coriacité des tramails
se fond dans le prestige d'un fanal rose
*
Chambre nomade
le lé des éléphants de moire
s'émeut à de soudains cortèges
clairant ses plis paysagés
la lucarne déguerpie
un losange voyage la lumière
au long du mur balafré
la serrure appesantit sa réflexion
l'angle feint de briser
le nuagiste d'éteindre
mais bouquetière sans cueillaison
elle muse déjà sur le papier peint
rappelé à la corollescence
et son fidèle éclat épousant l'oreiller
un indistinct de feuilles et d'ailes
emporte la jeune sommeilleuse
𝕃𝕠𝕦𝕡-𝕕𝕖-𝕝𝕦𝕟𝕖 / 劉 碧峥
Modifié par Loup-de-lune, 17 mars 2021 - 09:15 .