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Sur les hauts de Montcalmès


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3 réponses à ce sujet

#1 Jped

Jped

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  • Une phrase ::Le voyage immobile après une vie de voyage

Posté 12 février 2021 - 12:04

                  sur les hauts de Montcalmès,

avec ses anciens champs clos, aux murs
de pierres disparates, mal assemblées,
arrachées jadis au sol ingrat du causse
par de pauvres bougres haves, affamés,
pour dégager quelques arpents de terre
et y faire pousser de l'orge et de l'avoine,
de pauvres récoltes, incertaines,
                                     vites épuisées,

 

                     ses étranges maisons  fortes,
signe d'une époque troublée, inquiète,
où l'on s'enfermait, comme bêtes au corral,
où l'on se serrait les uns contre les autres,
et dont on voit encore parfois aujourd'hui
les empilements informes de salles voûtées,
d'escaliers à la géométrie improbable
comme s'ils cherchaient leur route
à travers des pans de murs disposés
au hasard, sans ordre ni plan préalable,
avec des planchers à des niveaux différents,
qui ressemblent plus à une termitière,
à un nid de guêpes géant,  à une tanière,
à des terriers labyrinthiques imbriqués
qu'à la demeure ordinaire des hommes,
et où vivaient à l'étroit plusieurs familles
unies par des liens de parenté ou, du moins,
/le plus souvent apparentées ou, du moins,

proches voisines depuis la nuit des temps,
vouées à vivre et à mourir ensemble,
                          liées par un même destin

 


             mais ces humbles, ces pouilleux
avaient leur ciel, leur Rome, leur Jérusalem,
à mi-pente, sur le versant de la vallée,
loin des hommes, des sources et des puits,
sur des terres encore plus déshéritées,
incultes, où ne poussait que la bruyère,
mais déjà en vue du vaste pays de Canaan,
en bas, plus riant, plus riche, plus heureux,
mais exposé aussi aux invasions, aux fièvres,
au péché, vouées au feu éternel de l'enfer,

une place forte, un bastion, réduit ultime
en cas de danger extrême,  mais surtout
la demeure de leur dieu,

 

         l'église Saint Sylvestre des Brousses

 

la bien nommée,  aux murs inviolables,
à l'allure sobre, fière, dure et compacte,
à l'image de ces hommes et de ces femmes
qui descendaient vers elle, le dimanche,
le ventre creux, sans avenir, sans joie,
ayant donné leur fourrage aux bêtes,
et dans la nuit, caressé leurs femmes,
et qui avaient le coeur plein d'une foi ardente
foi qui, dans le dénuement le plus poignant,
apportait un peu de réconfort, d'espoir,
de bonheur aux êtres simples comme eux
qui peuplaient, en ces temps sans pitié,
nos terres ensoleillées et arides du midi,
et surtout leur permettait de mieux accepter
leur triste sort et la misère,
   sans se révolter contre leurs maîtres
                         leurs prêtres  et leurs dieux


Saint Sylvestre des Brousses encore debout,


inviolée, souveraine,
                                    près de mille ans après

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#2 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 12 février 2021 - 01:41

Peut-être "ces humbles, ces pouilleux" connaissaient-ils une joie essentielle - un bonheur que les repus de notre époque "savante" ignorent...

#3 Escamillo Cavradossi

Escamillo Cavradossi

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Posté 13 février 2021 - 08:07

Cette promenade fait du bien en cette période d’enfermement

#4 Jped

Jped

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  • Une phrase ::Le voyage immobile après une vie de voyage

Posté 15 février 2021 - 09:14



Merci de votre passage pour ce parcours rétrospectif dans la garrigue.du piémont du Larzac.