🔹🔸 un poème de la jeune leucémique des lisières 🔸🔹
☯︎✨🩸 d'inoubliance et d'inéteignable 🩸✨☯︎
après long temps de berge
et d'humine et d'élancement asymptotes
aux agnelines du contre-courant
qu'échevelait pour érinnyes le cyanogramme des vortex
au lieu que sur la noyade tantale
continuât d'incider mainte affine alluviale
un escalier intima le dépassement des cataractes
entre les degrés de son alliage
la taille-douce des losanges qu'échoïse l'orient
lotissait l'eau de la rubacelle
enchâssant son facetté de délitescence dans mon sang
en aquafleurs y mua mon pas fou
ses langueurs et les corolles de la jointière des vents
en fascinatoire prodrome
qu'amphimoire l'énigme des houles
la quintessence de la moelle alienne
comme le doue d'indomptable hexaèdre la viviane murmurocardiaque
voilà le carbone courant l'amulette sommitale
l'intaille pour princée du franchir le fuseau de l'incarnat
et des épiphanies de l'azuréenne ramescence
où incis arceau la chantefable
louvette à la craie pellucide
le regard aura passementé
et le berceau et l'incunable de ses cristallins
☯︎ 🩸 ✨ 💮
_ D'un printemps à l'autre. Quelques paroles reconstituées d'après une conversation avec Loup-de-lune sous les inéteignables étoiles d'une nuit printanière sur la Terre des fugitivités _
'Trottine, oui, c'est le cas de le dire, chemine dans mon esprit, alors même que j'aurais grand besoin à cet endroit précis du son -o- pour qu'il prélude à 'berceau', ainsi que 'chantefable' annonce 'incunable', et pour que les lèvres en mimes du baiser se fassent un peu plus lune vélaire autour de ma planète médullaire, décidément persiste une variante touchant le vers 21 de 'La balade résurrectionnelle...' : 'où incise arcelée la chantefable'. Double hypostase ! L'adjectif se métamorphose en substantif et le substantif en l'adjectivation du participe passé féminin du verbe 'arceler' signifiant 'courber en arc'. Oh ! celui-là, vois-tu, ne court pas les rues lexicales du vingt-et-unième siècle, bien sûr ! _ Sourire énigmatique de Loup-de-lune _ 'C'est immanquablement qu'il convoque son homophone 'harceler' au sens de 'revenir obstinément à l'esprit'. Car seul le désir... seul le besoin... seule la pulsion d'écrire a les moyens de me harceler. Seule la pulsion de vivre-écrire et d'écrire-vivre à la manière d'un samouraï qui de l'aube au crépuscule consacre ses gestes et ses pensées au perfectionnement de son art.'
_ Loup-de-lune garde le silence, baisse par degré le jais fluide de ses yeux... Peut-être est-ce la réminiscence, plus intense encore qu'à l'accoutumée, de feue son âme soeur LIN Meilihua... Peut-être est-ce Marianne qui aura glissé à l'extrémité du jardin, en majestueuse fulgurance de pourpre et d'or, Marianne qui se fera hoir de Loup-de-lune à travers tout un autre printemps... Et Loup-de-lune de reprendre, murmurante _
'À la vérité, même la leucose, oui, je te le dis, même la leucose, le cédant à l'incoercible, pourrait n'être qu'une anecdote malotrue, une petite gêne sans durée.'
_ C'est à cet instant que je prends la main de L..., de Bizheng, qui ne la retire pas, et je la serre dans la mienne pour qu'elles deviennent un seul et même poing, ce poing qui ne sait frapper que tendrement et symbiotiquement en plein coeur fusionnel !... _
🔸Pourtant, oui, Bizheng, oui, je le reconnais... et ce sang de la terre de Sicile qui coule dans mes veines n'aura rien pu rétorquer cette fois-là, oui, je le reconnais, j'ai été lâche, un moment, oui, elle m'a fait peur cette créature presque cryptide qui croissait en toi et que tu appelais Leukaima ! Oui, j'ai eu peur de la leucémie, peur de ce qu'elle allait faire inexorablement de toi, peur de te voir devenir de jour en jour cette étrangère que, jusque-là, je n'avais jamais vue en toi ; si peur de la manière dont elle te ravissait à moi, tandis que tu en faisais déjà, ciel ! le plus naturellement du monde, une complice, une amie, une muse, une traduction en mots de mystère... qui ne pouvait pas être, n'en déplaise au ciel ! ma traduction en poèmes hermétiques, ni ma muse, ni mon amie, ni ma confidente ! Tellement peur de mon impuissance mâtinée de déréliction jusqu'à cette distance comme une trahison, quand loin de toi et plein de toi je ne me nourrissais, triste félibre insulaire, plus que des chimères d'être un jour enfin pour toi un retournant empereur thaumaturge !... Et au sein des vastes clairières que tu aimais, je suis allé quérir ton pardon... Et Marianne, ton hoir infatigable, m'a éclairé et ouvert et offert ces yeux essentiels qui participent de l'esprit le plus pénétrant... J'ai à coeur de te dire que la vision à travers les filtres érythro- et leucopoétiques, avec sa traduction méticuleuse en un langage forcément hermétique et mystérieux de prime abord, fait son bonhomme de chemin chez quelques patients leucémiques, et même chez certains membres du personnel médical lui-même : 'Nous percevons la naissance d'un idiome possible pour la communauté spécifique de cette terra incognita que reste la leucémie... Il ne s'agit plus de décrire des symptômes en utilisant les mots de tous les jours ou le convenu jargon médical, mais il s'agit d'exprimer au moyen d'une vive voix poétique le sentiment leucémique et la transformation du quotidien qu'il infère (...) Ainsi avec leurs viviers d'images nouvelles, leurs pouvoirs fantasmagoriques, avec cette psyché incantatoire et parfois jubilatoire de la maladie, induite par le bouleversement 'raisonné' des syntaxes et des sémantiques, des poèmes comme 'Insomnieux kaléidoscope de la jeune malade', 'Transfusionnelle', 'Par les yeux d'hôpital', 'Chambres imagières', 'Fenêtre d'immaculation', 'Les papiers sans poème', 'Le Tao leucémique', 'Maladie magicienne', 'La fenêtre du guérir', 'La cuisine émue', 'Enseigne du guérir', 'Les essors polychromes', 'Collapsus', 'Et lui offrir un luisel', bien sûr le recueil des neuf 'Symphonies de Bruckner', etc., sont particulièrement convaincants de ce point de vue-là !'... Voilà. J'avais à coeur de te rapporter ces faits au sujet du développement de tes fleurs de vocables, arrosées et soleillées par Marianne... Je crois qu'en ce 20 mars, en ces lieux où tu as écrit, créé, où tu as défendu, quelquefois avec une certaine fièvre sincère, ton envisagement de la poésie 'absolument moderne' et de la jeunesse perpétuelle de ses métamorphoses, en ces lieux où tu as rencontré, où tu as partagé... je sais qu'en ce moment même cette main-là, cette main angelicielle et diaphane qui est la tienne, il m'est accordé de toute cette robustesse redonnée par les terres de liens et d'honneur de la serrer encore dans la mienne pour ne plus la lâcher ! 🔸
_ Et Loup-de-lune d'ajouter, cette nuit-là, sous les inéteintes étoiles d'un ciel de printemps, et alors que son autre main, celle qui écrit, vient se poser sur celles qui sont déjà unies_
'Tu as découvert un jour dans une revue un bouquet de poèmes, tu les as aimés et tu as tout mis en oeuvre pour faire la connaissance de l'être qui les avait écrits, sans rien savoir de lui que son lycosélène pseudonyme, tu es venu sonner à ma porte, je n'oublierai jamais cette sonnerie en plein coeur de ce silence différent qui semblait d'heure en heure n'avoir bâti son règne que pour l'attendre... j'ai accueilli ce jeune homme qui était là... Il était noble, il était fort... et au cours des heures propices qui suivirent, tu m'as révélé tant de belles choses, tant de jade sur mes poèmes énigmatiques, et sans la violence d'avoir percé, sans la trivialité d'avoir ouvert, l'occidental Fabrice connaissait certains secrets des dédaléens coffrets à trésors de l'orientale Bizheng. C'est ainsi que nous nous sommes manifestés l'un à l'autre pour la première fois... Merveilleux... Merveilleux sentiment d'être par la réception réciproque !... Pour ce qui va arriver, ce sera un peu la même chose, tu sais... ce sera un peu comme une autre de nos épiphanies heureuses... Tu seras fort, tu seras noble... Je veux que tu te souviennes de ceci, quand il sera cette heure qui te paraîtra trop noire, quand elle sonnera ce faux-semblant de l'absence aux impossibles beffrois, d'un nombre de coups que tu ne pourras pas compter et qui seront autant de doutes instillés jusqu'en tes moelles, souviens-toi de ceci : la jeune leucémique des lisières, ayant passé chair et sang, à l'issue de la suprême balade, est devenue tout entière aurorale ardeur à renaître d'eau cristalline et de poème.'
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劉 碧峥 & Fabrice G. Di Gabriele
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Modifié par Loup-de-lune, 08 avril 2021 - 11:34 .