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Variations pour le mot hélénie


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#1 Loup-de-lune

Loup-de-lune

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  • Une phrase ::« Je suis la jeune leucémique des lisières, dont l'allure odysséenne et frêle tantôt se coule dans le rêve tantôt repasse le linéament du réel... la jeune érythrophore des confins, la féale étymologie des crépuscules, qu'intégralement la mort est impuissante à com-prendre et que la vie échoue à con-cerner entièrement... »

Posté 20 octobre 2021 - 11:34

Variations pour le mot hélénie



In memoriam Marianne...



*



Pour un reflet de l'asthénie
Un briquet délaissé du feu
Va s'empoussiérant tout au fond
D'un vermeil qui forme ce voeu :
" S'effeuille sur nous l'hélénie ! "



*



Ces limbes, après les intermittences de la harpe, après la blancheur éclatante et les ors du cercueil qui s'en allait par une après-midi de février confondant lignes et nuances dans l'irréelle lenteur neigeant, cette absence s'est muée d'abord en rêve insistant, avec la fixité d'un visage de platine qui tenait du sphinx et du séraphin ; en poème évocatoire ensuite, avec la vaine supplique pour qu'il soit reçu comme je t'ai perçue. Jusqu'à atteindre enfin à toute cette nuit de vagabondage, d'équidistance, et de constellations lacunaires, ou recomposées, exaltant par degrés un désir de jardin sauvage où nos hélénies se surprennent à soleiller.



*



Imagines novae

1

L'unique continent de l'exoplanète ressemblait à une vivace ignescente. Promis aux sangs de l'ontogenèse des tranquillités futures, prenaient patience les pétales rubis. Les ors qui s'étaient agrégés en un foyer cordiforme rayonnaient de délinéaments infatigables à l'épiphanie du premier navire espéré par les tesselles circonvoisines des moires marinières. Bien sûr, chaque uranolithe qui s'approchait, dardé par l'infini du bouquet, allait représentant la main de cueillaison, avant qu'il soit pulvérisé, et qu'il retombe, ubiquiste lenteur des chances de pollen et de mica.

2

S'effeuillant, telle la danse plurielle d'une sylphide, trophée des leucémies, à travers le cristal du château, une hélénie. Certains pétales réinventent l'effleurement afin de murmurer l'incandescence aux ossements des princes immémorés.

3

Pendant un bain désheuré, une infime verticale de lumière éblouissante entrebâillait les voilages. Tout en rendant sensible son extension entre les carrellements, les vapeurs qui montaient de la corporelle indolence et de l'eau smaragdine, allaient, célères, de métamorphose en métamorphose, se dissipant. Cependant qu'à travers elles, prenait le temps de passer, avec une lenteur déréelle, une jeune bouquetière dont le jais du regard et de l'échevellement contrastait avec l'aurore des mains riches d'hélénies épanouissant les flambeaux qui orangent et qui rosent l'essentielle portion où arriver.

4

Lilial galopement, le désespoir des licornes se ruait dans la fournaise des hélénies dont les exponentiels faisceaux aux mains des enfants édénisés allaient déjà consumant les vieux florilèges du merveilleux.



*



Quatrain des prémices de la guerre de Troie


Lorsqu'un pied dans la mer Ménélas regardait
En ce soir ravisseur flamber les hélénies,
Derrière lui, son frère, exalté, décidait
De souffler Ilion, torchère d'avanies.



*



Ces hélénies en dyade, qui gisaient entre la chaussée et le trottoir, épétalées par le continu des vitesses et des foulements, elle les avait recueillies, puis reconstituées, comme elle reconnaissait dans leur arrachement l'exilée qu'elle était elle-même. Sur l'eau qui remplissait aux trois quarts deux coupelles de baccarat, leurs corolles avaient recouvré l'épanouissement. Les étoiles qu'elles évoquaient désormais, l'une jaune soleil avec un coeur d'orange, la seconde rouge rubis avec un coeur en or, détenaient le secret de brûler les transparences. C'est ainsi qu'un jardin se dévoila par degrés. Les cendres pastel de l'adieu et de l'absence revendiquaient toutes ses fleurs ; chaque sortie s'avérait une chimère qui jetait dans une allée insoupçonnée, chaque sensation de limite ou d'orée ouvrait sur une aire plus orphique, et la lumière toujours changeante d'une aube étrennée se confondait avec le passage d'un effluve à un autre.



*



Les flamboyantes hélénies
Aux coeurs de miel radiés d'érubescences
S'organisent en cercle au bout de la terrasse.
L'instrumentiste las que son contrat pourchasse
Vient renoncer sur ces incandescences
L'âme en bois de ses euphonies.



*



Extrait de 'La Bijouterie des Vocables, entre symbolisme et surréalisme' par Loup-de-lune (LIU Bizheng). À paraître aux Éditions de La Baconnière. Tous droits réservés.

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Modifié par Loup-de-lune, 20 octobre 2021 - 11:39 .