Les arènes sévillanes, au soleil si sanglant
la foule castillane, au vermeil si troublant
le sable crisse et ploie sous le poids de mes ans,
ans si brefs, sans griefs, je viens m’offrir, trottant
J’hume l’air, chaud de cris, d’écume je transpire
je respire déjà le métal qui au pire
abrègera longtemps mes poussières d’empire
c’est de la musique et des chants qu’il tire l’ire
l’éclat picador des banderilles vampires
Arène séguedille en rouge véronique
il neige des mouchoirs, blancs ourlés de tragique
le sang chaud coule de mon échine taurique
je mugis, je frémis, je charge si héroïque
Le pantin de lumière dans son pauvre habit
m’esquive en riant de sa cape de bandit
J’ai mal, si mal que j’en ris
Pourquoi l’arène tourne t elle ainsi?
Je galope dans les eaux du Guadalquivir
l’écume rafraîchit mon poitrail
l’ombre des oliviers pétrit le soleil
le vert des pâturages encense l’orage
Dieu, que les nuages sont beaux
à mourir de pluie
et que cette Io est lumineuse…
Je la voudrais…
La couvrir
Percer ses flancs
assurer ma descendance
voir mon sang ivre
par delà mes années
…
Mais l’orage gronde
les éclairs
de métal
zèbrent
et me sabrent…
J’en ai vu un
me … plonger
dans la gorge
sous les … cris
Que je n’entends presque plus……..
Est ce mon sang qui bouillonne?
Quand je ploie sous les ans
suis-je si vieux déjà?
Ai je perdu mon temps?
Le ciel
me blesse
Io…
Ma génisse…
J’en gémis…
je vois
des moulins
à vent
leurs ailes
dévoilent
la porte
d’azur
J’ai
peur
à
présent
J’ai
soif
…
Le vieux cheval fatigué traîne la carcasse,
Qui dans l’arène creuse un sillon, une trace
Et de son mufle éteint pend une langue rose
Constellée de grains de sable d’un convoi morose