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Si el tiempo no lo impide


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4 réponses à ce sujet

#1 Gabriel Monfort

Gabriel Monfort

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  • Une phrase ::« J’ai des questions à toutes vos réponses. »
    Woody Allen

Posté 03 décembre 2021 - 12:49

Les arènes sévillanes, au soleil si sanglant
la foule castillane, au vermeil si troublant
le sable crisse et ploie sous le poids de mes ans,
ans si brefs, sans griefs, je viens m’offrir, trottant

 

J’hume l’air, chaud de cris, d’écume je transpire
je respire déjà le métal qui au pire
abrègera longtemps mes poussières d’empire
c’est de la musique et des chants qu’il tire l’ire
l’éclat picador des banderilles vampires

 

Arène séguedille en rouge véronique
il neige des mouchoirs, blancs ourlés de tragique
le sang chaud coule de mon échine taurique
je mugis, je frémis, je charge si héroïque

 

Le pantin de lumière dans son pauvre habit
m’esquive en riant de sa cape de bandit
J’ai mal, si mal que j’en ris

Pourquoi l’arène tourne t elle ainsi?

 

Je galope dans les eaux du Guadalquivir
l’écume rafraîchit mon poitrail
l’ombre des oliviers pétrit le soleil
le vert des pâturages encense l’orage

 

Dieu, que les nuages sont beaux
à mourir de pluie
et que cette Io est lumineuse…

 

Je la voudrais…

 

La couvrir

Percer ses flancs
assurer ma descendance

voir mon sang ivre
par delà mes années

Mais l’orage gronde
les éclairs
de métal
zèbrent
et me sabrent…

 

J’en ai vu un
me … plonger
dans la gorge
sous les … cris

Que je n’entends presque plus……..

 

Est ce mon sang qui bouillonne?
Quand je ploie sous les ans
suis-je si vieux déjà?

Ai je perdu mon temps?

Le ciel
me blesse

Io…

 

Ma génisse…

 

J’en gémis…

je vois
des moulins
à vent
leurs ailes
dévoilent
la porte
d’azur

 

J’ai
peur
à
présent

 

J’ai

soif

 

 

Le vieux cheval fatigué traîne la carcasse,
Qui dans l’arène creuse un sillon, une trace
Et de son mufle éteint pend une langue rose
Constellée de grains de sable d’un convoi morose

 

 
 
 
 
************* 

 

 



#2 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 03 décembre 2021 - 12:59

Dans la peau du taureau, vous nous offrez là un poème d'une déchirante beauté...

#3 Diane

Diane

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Posté 03 décembre 2021 - 05:06

Visuel, coloré, toutes les sensations éclatent de douleur.
Une magnifique et cruelle agonie.

#4 bɔētiane

bɔētiane

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  • Une phrase ::"Les mots sont une peinture des choses"

    boetiane.com

Posté 04 décembre 2021 - 06:43

barbarie _ spectacle > pourvu qu'il pleuve souvent
voix intérieure m'ayant entraînée ailleurs, me suis demandé (mais pas trop longtemps) si l'arène n'était pas entrée dans l'homme, si l'homme n'avait pas parqué rossinante pour s'en aller mourir aussi près de la bête

                                             humain ou animal >>> l'être attendrissant

                                  alors ça cogne et pique au plus près du cœur et du corps

                                               _en -ille, très exactement

          



#5 Gabriel Monfort

Gabriel Monfort

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  • Une phrase ::« J’ai des questions à toutes vos réponses. »
    Woody Allen

Posté 06 décembre 2021 - 08:38

Dans la peau du taureau, vous nous offrez là un poème d'une déchirante beauté...

 

Merci à vous. Ce qui déchire c'est sans doute le destin commun de ces vies qui marchent vers le funèbre avec ce soupir d'un temps si vite passé. Il faut si peuu de temps de l'aube au crépuscule.

Visuel, coloré, toutes les sensations éclatent de douleur.
Une magnifique et cruelle agonie.

Merci Diane. 

« Je n’en peux plus, car maintenant il revient,
Ce sentiment de ruine qui est pire que la douleur,
Cet écroulement et cette négation impérieuse
De tout ce qui fait de moi un homme;
Comme si je me penchais au bord vertigineux
D’un interminable escarpement
Ou pire, comme si je tombais,
Tombais sans fin à travers
La solde architecture des choses créées,
Et devais absolument sombrer, sombrer
Dans le vaste abîme...

(Le songe de Gérontius, J.H. Newman)

 

 

barbarie _ spectacle > pourvu qu'il pleuve souvent
voix intérieure m'ayant entraînée ailleurs, me suis demandé (mais pas trop longtemps) si l'arène n'était pas entrée dans l'homme, si l'homme n'avait pas parqué rossinante pour s'en aller mourir aussi près de la bête

                                             humain ou animal >>> l'être attendrissant

                                  alors ça cogne et pique au plus près du cœur et du corps

                                               _en -ille, très exactement

          

 

Merci Boe.

  Toujours à scruter la dentelle pour l'ajouré. Toujours à frapper juste quand il s'agit d'échapper à l'apparence d'un discours pour en extraire le suc. Car si, métaphysiquement, vivre son agonie ne peut se justifier que par l’Amour, éthiquement, il nous faut construire une nouvelle poétique de l’action faisant place à la fraternité issue de la chair, à l’imagination de l’homme pour répondre à l’appel d’autrui et de la vie. Il n'y a pas d'autre esthétique que la flamboyance du dernier feu.